Disons que le concept de « progrès » est d’usage délicat. L’homme progresse dans les domaines du savoir, de la technique, de la science, de la médecine notamment, de tout ce dont les générations successives peuvent hériter sans avoir à en maîtriser les tenants et les aboutissants. En revanche, dans le domaine moral, le mot progrès n’est pas forcément celui qui convient. Je reconnais tout à fait un progrès dans la place faite à présent aux femmes comme actrices de l’Histoire à part entière, et un progrès indéniable dans la fait que l’esclavage ait été reconnu contre-nature. Hormis ceci, le « progrès » n’est, me semble-t-il, qu’affaire d’individualités, et notamment de la capacité de chacun à s’approprier des comportements responsables.
En gros, on ne peut pas user du même mot pour parler du progrès technique et du progrès moral : un enfant qui vient eu monde va rapidement assimiler l’usage d’outils techniques sans avoir à être lui-même technicien. Mais pour ce qui est des codes éthiques, il ne lui suffira pas de les connaître ou de les utiliser pour être reconnu individu moral, il lui faudra leur consacrer tout son être, les comprendre, les approuver et les assimiler totalement, ce qui peut demander toute une vie d’efforts, peut-être vains, et dont ne bénéficiera même pas sa descendance. Bref... à chaque génération, tout est à refaire au cas par cas, et tout peut être rapidement perdu je crois.