« je suppose sans même consulter le blog de ce monsieur Chalot qu’il n’a rien à voir non plus avec le « voyageur de l’insolite » et le site en avant de la photo... sinon il ne serait plus là pour en parler. »
Je note votre capacité à juger avant tout examen. Ce n’est pas exactement la démarche intellectuelle la plus conséquente. J’ai interviouvé Virgile Charlot ainsi que sa compagne Marion Martineau au début de l’année, lorsqu’ils sont passés au Guatemala, à Quetzaltenango, où je vis et réside depuis 2 ans. Ils venaient de l’Alaska et faisaient route pour la Terre de Feu ; aux dernières nouvelles, ils étaient en Bolivie. Leur voyage consiste à dormir sous tente tous les soirs, à vivre de peu. Ils ont un blog (Pignons Voyageurs) où Virgile, écrivain-voyageur qui avait déjà publié un livre et édité un documentaire relatant son voyage Paris-Le Cap, à vélo, rend compte des étapes du voyage. Ils sont financés par des sponsors, mais ce sont des financements très légers et que complètent des économies personnelles.
j’ai lu et j’ai été désolée de constater le monceau d’âneries à destination du faux alternatif pour ados attardés (un nouveau segment de marché ) mais « au bon dieu, les innocents », comme on dit« ... Il a notamment découvert la lune en dormant dehors, on est content (ou consterné) d’apprendre que l’ »expérience du camping imprévu« fut la plus excitante de son »road trip« . Ah ces urbains, il leur en faut peu pour sentir le frisson de l’aventure !
J’expose dans l’article des démarches de personnes qui partent à pied ou à vélo, voire en voilier, pendant des mois et vous y voyez des « urbains » (le mot « bobo », sans doute, n’était pas loin d’être décoché) en manque de frissons, alors que c’est d’un mode de voyage et d’un mode de vie différents qu’il s’agit et qui montrent que voyager sottement n’est pas une fatalité. Pourquoi vous paraît-il alors nécessaire ou utile de venir déposer un commentaire blasé ?
Les vrais alternatifs ne sont pas inconscients, justement ils n’aiment pas »prendre des risques« , ils n’en ont pas besoin : les ennuis leur tombent dessus sans le vouloir alors autant »tout préparer, tout planifier« pour tenter d’en avoir le moins possible puisque oui, tout ne se passe pas exactement comme c’est prévu. Et tant pis si cela semble paradoxal !
Donc, si je vous suis bien : puisqu’il existe de la misère, il ne faut pas voyager. Quel est le rapport ? Les personnes qui partent à pied ou à vélo, ne sont pas exactement des gens pétés de thunes, mais voyage au contraire très économe. Mais, étant donné que vous jugez avant examen, la présomption d’innocence n’existe guère et hop ! à la trappe, comme le bon vieux roi Ubu.
L’agressivité gratuite de vos propos me rappelle ce qu’énonçait le psychiatre et psychanalyste Charles Melman dans L’homme sans gravité : « La violence apparaît à partir du moment où les mots n’ont plus d’efficace. A partir du moment où celui qui parle n’est plus reconnu. Dans un couple, la violence commence quand l’autre refuse de reconnaître, en celui qu’il a en face de lui, un émetteur de paroles, vivant et de bonne foi. Vivant, donc ayant sa propre économie, ses propres contraintes. Et considéré, quel que soit le désaccord, comme de bonne foi. Dès lors que cette reconnaissance n’a pas lieu, l’autre n’est pas reconnu comme sujet, et la violence survient. (...) Mais dans cette époque où nous vivons, de plus en plus souvent, le sujet n’est pas reconnu parce que, initialement il ne s’est pas mis en place. Alors, la violence survient à tout bout de champ. Une espèce de violence qui est devenue un mode banal de relation sociale ». Et j’avoue que j’ai l’overdose de tous ces blogs ou sites de tourisme, vacances ou aventures qui racontent tous la même chose y compris les bouquins de voyage...
Cordialement,
Mikaël