La torture est le point où la force devient faiblesse et où la raison se pervertit.
De fort et puissant, frustré par le silence du faible, l’interrogateur devient tortionnaire, désespérément accroché au mythe de sa puissance ... Il évite de s’avouer son impuissance devant la digne obstination de l’interrogé, et se venge dans la honte de la leçon qui lui est donnée alors qu’il sait qu’il devrait la reconnaître et l’admirer, retournement de légitimité dans les consciences...
Le tortionnaire est le faible d’entre les faibles ; le lâche d’entre les lâches.
Que Marine ait dérappé n’est pas grave. Pourquoi elle l’a fait et qu’elle ait pu le faire est plus préoccupant. Elle n’est pas con et l’a forcément fait exprès d’une part, mais dans quel dessein ? ou pour faire de l’ombre à qui ? (j’ai mon idée, la radicalité saute une génération, au château) et d’autre part, si l’on avait encore des doutes là-dessus, on voit bien que la chose est familialement entendue et l’ordre bien établi, car papa (et bon-papa, jouons le jeu) ne peut avoir été un monstre, mais bien un héros au contraire, et que le devoir c’est le devoir, et que la France et que le Général, et tout le reste, et que résultat, y’a des cas où, quand ça fait tic-tac, etc... Ce n’est pas pourtant pas Marine qui les entendus, ces tic-tacs, mais ça marque et ça vous forme un cerveau, le souvenir gravé dans le cortex des récits qui sentent la poule au pot familiale du patriarche qui graveule*...
Comme ça si on doutait, on est fixé maintenant, sur le lieutenant.
*mot inventé, mais c’est le bon.