"Il y a une croyance dans l’acte scientifique, c’est celui de son
hypothèse concernant tel ou tel sujet, mais quand l’hypothèse est
invalidée par l’expérience, la croyance en l’hypothèse de départ
disparait, il faut reconstruire une autre hypothèse, c’est la remise en
question."
Oui mais non
sauf que oui
Il faut pousser ce principe jusqu’à sa limite, le problème de la science c’est qu’elle s’aveugle, elle fait comme si ses théories collaient parfaitement à la réalité tant que personne n’a apporté la preuve du contraire.
Je préfère prendre les devants, carrément partir du principe que de toutes façons la théorie n’est pas conforme à la réalité. Jamais. Quoiqu’il arrive, quelque chose cloche, il manque au moins un élément.
C’est sûr que c’est précaire comme position, mais ça n’empêche pas que nos théories soient valables, exploitables dans une certaine mesure. Et la seule véritable application d’une théorie est de démontrer ses erreurs. Il faut qu’on accepte que nous vivons dans le flou total, que nous sommes constamment dans l’expérimentation, et qu’il n’y a aucune certitude sur quoi que ce soit. C’est là qu’on voit apparaître les fameux phénomènes visibles au niveau quantique, et qu’on ne trouve soi-disant pas au niveau macroscopique : tout est flou, nous ne sommes sûrs de rien. Nos théories sont vraies et fausses à la fois, vivantes et mortes en même temps, jusqu’à ce qu’on soit absolument sûrs qu’elles sont mortes.
Lacan n’est peut-être pas issu des sciences dures, mais il avait bien cerné le problème. « Le réel, c’est l’impossible, le réel c’est quand on se cogne » Nos théories sont du registre du symbolique, qui ne se confond jamais avec le réel. On peut toujours affiner la précision de nos modèles, ils n’atteindront jamais la réalité. Il faut que la science apprenne à vivre avec ça, plutôt que de s’aveugler par son orgueil, en se laissant croire qu’elle trouvera un jour l’explication à tout, ou pire qu’elle l’a déjà trouvé sur certains sujets. Il faut qu’elle appuie son doigt là où ça fait mal, dans les zones d’ombre, au lieu de faire comme si ces zones n’existaient pas.
La seule théorie valable serait une théorie dynamique, contenant directement dans son énoncé la capacité de corriger ses propres erreurs.
On est loin de tout ça, même si ça s’arrange, même si la science est infiniment moins dogmatique que la religion, elle le reste encore beaucoup trop dans la pratique. Trop de scientifiques écartés pour simple cause de non-conformisme avec les théories dominantes. Et le public le sent, c’est pourquoi on voit fleurir toutes sortes de fadaises pseudo-scientifiques, carrément délirantes. La rigidité de la science est entièrement responsable de ça. C’est le même phénomène que celui des ados qui tombent dans la drogue parce qu’ils savent bien que toutes les fariboles qu’on leur a racontées sur le sujet sont... des fariboles.