Mais qui est François Asselineau, le souverainiste sans page Wikipedia ?
Thèses, parcours, entourage, d’un obsédé du complot américain
Qui
est-il ? Ancien proche de Charles Pasqua, l’énarque François Asselineau
a créé en 2007 « l’Union Populaire Républicaine », un parti "ni de gauche
ni de droite" qui revendique 5900 adhérents. Peu invité par les médias,
Asselineau, qui préconise une sortie de la France de l’Otan, de l’euro,
mais aussi de l’Union Européenne, était le week-end dernier l’invité
politique principal de Laurent Ruquier dans « On n’est pas couché » sur
France 2. Portrait, parcours et entourages d’un politique qui voit la
main des États-Unis derrière des entités aussi diverses que l’UE, l’État
islamique, ou même le Front National, puisque "Marine Le Pen est payée
pour pourrir mon discours« .
»De nombreux téléspectateurs
s’interrogent : qui c’est ? Pourquoi lui ?". C’est ainsi que Laurent
Ruquier lance, samedi 20 septembre, son invité François Asselineau,
président de l’UPR, Union Populaire Républicaine. "Ca fait à peu près un
an que je reçois des tweets ou des messages sur Facebook : pourquoi
vous n’invitez pas Asselineau ?", explique Ruquier pour justifier son
invitation.
Dans l’émission, Asselineau expose ses thèmes centraux,
la sortie de l’Otan, la sortie de l’Union européenne, ou encore son
opposition à l’intervention en Irak contre l’organisation de l’Etat
islamique.
http://www.dailymotion.com/video/kmyxa4bni5aTeO8V67o?start=4
Asselineau,
est de fait, peu invité dans les médias. Contacté par @si, il dénonce
une « anomalie ». "Aux Européennes, on a fait 76 000 voix, soit plus que
le NPA qui a obtenu 74 000 voix . Or Poutou et Besancenot ont été
invités dans Mots croisés, pas moi" : Il explique avoir dû saisir le CSA
pendant la campagne des élections européennes, pour avoir accès aux
médias. Il a finalement été interviewé par Bourdin sur RMC. On repère en
2012, un passage dans l’émission « Ce soir ou jamais » (Taddei signifie
ici son étonnement d’avoir été souvent interpellé pour l’inviter).
Asselineau, nous en avons parlé nous-même dans une émission consacrée à
Wikipedia car il se plaignait précisément de n’avoir pas de page
Wikipédia (étonnamment, il en a dans d’autres langues, mais pas en
français, les « wikipédiens » ayant estimé que... ses références dans les
médias traditionnels sont trop peu nombreuses).
Et dans Envoyé spécial qui consacrait une enquête à Wikipédia, il était interviewé pour s’en plaindre :
http://www.dailymotion.com/video/k6fkO0S8OunZHP8V6cd?start=2
sortie de l’UE, de l’Euro et de l’OTAN
Qui
est donc François Asselineau, l’homme sans page Wikipedia ? Pas de
page, et pourtant, il s’exprime abondamment sur internet, par son site.
Sur le plateau de Ruquier, il assure que le site s’est "hissé au tout
premier rang des sites politiques français pendant les Européennes". On
peut y prendre connaissance de ses positions dans de nombreuses vidéos,
vues en moyenne entre 10 000 et 150 000 fois (un score pas
extraordinaire au regard du succès que peuvent remporter certaines
vidéos virales). Son programme est décliné en vidéo (5 heures au total).
On trouve surtout toute une série de conférences en vidéo, toutes
autour de la critique de l’Europe : « Qui gouverne la France en Europe ? »,
(150 000 vues), une autre où il décrit l’Union Européenne comme une
dictature, on y reviendra. Son compte Twitter n’est pas particulièrement
suivi, par rapport à d’autres politiques : 8200 followers
Son
parcours est celui, classique, d’un énarque de droite, aux lisières de
l’extrême-droite : il a occupé les fonctions de directeur de cabinet
auprès de ministres du gouvernement Juppé (1995-1996), avant de
rejoindre en 1999 le RPF de Philippe de Villiers et Charles Pasqua.
Entre 2000 et 2004, il occupe des postes de conseiller aux côtés de
Pasqua, alors président du Conseil général des Hauts-de-Seine.
Toujours avec Pasqua, alors allié à Jean Tibéri il est élu sur une liste
de droite dissidente aux municipales parisiennes de 2001. Le 25
mars 2007, il crée son parti, l’UPR, après avoir milité quelques mois au
RIF (Rassemblement pour l’indépendance de la France) de Paul-Marie
Couteaux (aujourd’hui militant au Rassemblement Bleu marine). En 2012,
il souhaite se présenter à l’élection présidentielle mais n’obtient pas
les 500 signatures. En 2013, il se présente à la législative partielle
de Villeneuve sur Lot, dans la circonscription de Jérôme Cahuzac, comme
trois autres recalés de l’élection présidentielle. Il obtient 0,58% des
voix. Et en 2014, aux élections européennes, il obtient 0,41% des
suffrages.
Asselineau, ancien du RIF de Couteaux, est-il proche du FN
? Interrogé sur ce sujet par Ruquier, il assure être "l’un des
opposants les plus résolus au FN« . Il s’en démarque en assurant n’avoir
»rien à voir avec un mouvement de stigmatisation d’une partie de la
population". Mais il s’en démarque aussi en allant encore plus loin sur
la question de l’Europe. Il assure que le FN ne propose pas de sortir de
l’UE, contrairement à son parti, et propose d’en sortir avec l’article
50 du Traité de l’Union européenne, qui prévoit une sortie officielle et
juridique de l’Union Européenne. Il ajoute aussi : "Nous voulons
également sortir de l’Otan". Otan qu’il considère comme le cheval de
Troie des États-Unis. "Les Français élisent des marionnettes, tout est
décidé par l’Otan, la BCE et la commission européenne", dénonce-t-il.
Mc Cain a-t-il rencontré al Baghdadi ?
Une
chose est sûre, pour lui, les États-Unis sont partout. Y compris
derrière l’organisation de l’État islamique. Asselineau est d’ailleurs
interrogé sur ce sujet dans « On n’est pas couché », comme on le voit dans
l’extrait ci-dessus. Interrogé sur la notion de « guerre juste » et
notamment contre le groupe de l’EI, il répond seulement : "Qui finance
l’État islamique ?". Mais dans cet article, il va plus loin. Il cite des
médias russes assurant que l’occident soutiendrait l’EI. Il en veut pour
preuve une photo, diffusée sur les réseaux sociaux, du sénateur John
Mac Cain rencontrant, en mai 2013, en Syrie, un homme qui ressemble à Al
Baghdadi, le « calife » de l’EI. L’idée étant de montrer que l’EI serait
une création des États-Unis. Même si l’authenticité de la photo semble
improuvable, et fait l’objet de discussions passionnées et non
conclusives sur Wikipedia, elle est reprise, sans surprise, sur de
nombreux sites comme le réseau Voltaire.
Et l’Union Européenne elle-même, serait une création des États-Unis. Dans ce document, intitulé très explicitement "De Pétain à la CIA, la face cachée de Robert Schuman", Asselineau présente la construction européenne, dès ses origines, comme une création des Etats-Unis. Une thèse qu’il développe avec ce petit schéma :
http://www.arretsurimages.net/media/article/s71/id7078/original.74715.demi. jpg
Contacté
par @si, il développe sa vision de l’Europe, assurant qu’elle comporte
un « principe racialiste ». Il cite le discours de Victor Hugo sur les
« États-Unis d’Europe », qui serait un appel à coloniser le reste du
monde. "L’Europe est un apartheid qui entraîne le monde blanc à la
guerre contre le monde arabo-musulman, contre la Russie et contre la
Chine", assure-t-il. L’Europe veut atteindre la souveraineté nationale
de la France : il en veut pour preuve la suppression du crime de "Haute
trahison et de sureté contre l’Etat« supprimé en 1993. »Est-ce par
hasard si c’est après l’adoption du traité de Maastricht", glisse-t-il.
En réalité, l’article avait été réécrit comme l’explique la fiche
Wikipedia, car trop flou.
« Marine le pen est payée pour pourrir mon discours »
Les
États-Unis seraient donc derrière l’État Islamique, et derrière
l’Europe. Mais pas seulement. Autre création américaine : le FN de
Jean-Marie Le Pen. Une tribune du Plus du Nouvel obs a retrouvé cet
extrait, édifiant :
"Les Américains ont acheté les élites du monde
occidental. (...) Vous savez où est actuellement John Major, le premier
ministre britannique, celui-là même qui a fait avaler le traité de
Maastricht aux Britanniques (...) ? Et bien il est actuellement au Fond
Carlyle, le fonds qui gère la fortune Bush, de Ben Laden, dirigé par
l’ancien directeur adjoint de la CIA, le fond qui embauche le demi-frère
de Sarkozy, le fond qui a comme représentant en France Yves de
Chaisemartin qui possède 25% du magazine Marianne, magazine qui fait la
promotion de Marine le Pen pour faire élire Monsieur Strauss-Kahn dans
un an". (...) Le FN est l’élément clé pour maintenir le système en
France. (...) Il a été inventé en 1983 par Monsieur Mitterrand et Attali
qui ont donné ordre aux médias de le faire mousser. Qui a financé le FN
entre 1985 et 1992 ? C’est Pierre Ceyrac, le bras financier de la secte
Moon, Causa international, c’est la CIA et c’est la famille Bush qui
est derrière".
Et d’ailleurs, vous ne le saviez pas, l’objectif de
Marine le Pen elle-même est de nuire à François Asselineau. Celui-ci
explique : "elle est chargée de polluer mon discours. Elle nous a envoyé
des gens pour pomper ce que je dis, tout en le soupoudrant d’ordures
sur les immigrés pour être bien sûre de pourrir mon discours. C’est ça,
elle est payée pour ça« .
http://www.dailymotion.com/video/k50STUb3AvdvDF8VpJN?start=1
11 septembre : »on laisse les gens penser ce qu’ils veulent"
Dans
les discours ou les écrits d’Asselineau, c’est donc le complot
américain, multiforme mais permanent au moins depuis la Libération, qui
est la clé principale, voire unique, d’explication du monde. A la
différence d’autres figures intellectuellement proches de
l’extrême-droite, cet anti-américanisme est exclusif de toute trace
d’islamophobie, de racisme, ou d’antisémitisme. Mais il aurait été
étonnant qu’il ne croise pas le chemin de quelques dieudonno-soraliens,
et autres skinheads. Sur le plateau de Ruquier, lui est reprochée la
tenue d’une conférence en 2010 dans le local du skinhead Serge Ayoub,
leader du mouvement d’extrême-droite Troisième voie. Asselineau
assure... qu’il n’avait pas d’autre local pour s’exprimer, et qu’il ne
savait pas alors, qui était Ayoub. "J’ai fait 280 conférences, dont
certaines devant les amis du Monde diplomatique et on ne me parle que de
celle-ci" déplore-t-il.Soral ? Le polémiste antisémite lui a proposé de
le rejoindre, (Soral l’explique dans cet article). Refus d’Asselineau :
Soral ne respecte pas notre charte, explique-t-il. "Nous bannissons
toute stigmatisation d’une partie de la population". Depuis son refus,
Soral multiplie les vidéos pour insulter Asselineau.
Que penser de la
galaxie qui l’entoure ? Patrick D’Hondt, qui se présente dans plusieurs
vidéos comme porte-parole et délégué départemental en Seine-Saint-Denis
de l’UPR, rappeur connu aussi sous le nom de Tepa, fondateur par
ailleurs de la web TV Meta TV, qui se présente comme le "média public de
la résistance« . Sous le pseudo de Tepa, il participe à un concert du
»bal des quenelles« , cérémonie lancée par Dieudonné »pour récompenser
les personnalités, qui par leurs actions ou leurs paroles, ont dénoncé
l’idéologie dominante ou apporté leur soutien à l’humoriste." (Le
concert est visible ici, et la remise de prix par Dieudonné ici). On le
voit aussi dans une manif pro-Dieudonné, interviewé par l’AFP. Mais
Asselineau assure que Tepa « s’est baptisé lui-même porte-parole » et
qu’il a quitté l’UPR il y a trois ans, en même temps qu’un autre
militant proche de Dieudonné, Erick Mary, (décédé depuis). Un communiqué
avait été publié pour expliquer le départ de Mary, à la suite d’une
vidéo dans laquelle il avait incrusté des ananas, symbole faisant
référence à Dieudonné.
Autre personnage controversé, invité d’une université d’été de l’UPR en 2012 à une table ronde "démocratie, souveraineté et résistance", Alain Benajam, co-fondateur du réseau Voltaire avec Thierry Meyssan, (pour lequel, rappelons le, aucun avion ne s’est écrasé sur le Pentagone le 11 Septembre 2011). "Il n’a pas été question du 11 septembre dans le débat, répond Asselineau à @si. Nous l’avons invité car il a une vision anti-impérialiste du monde". Invités de la même table ronde : Etienne Chouard, (figure en 2005 du non à la constitution européenne, qui flirte maintenant avec le mouvement d’Alain Soral, nous l’évoquions ici) et Robert Ménard, ex-président de Reporters sans frontières, nouveau maire de Béziers, où il a été élu avec le soutien de Marine Le Pen (comme quoi Asselineau n’ostracise pas toujours les satellites du FN).
http://www.arretsurimages.net/media/article/s71/id7078/original.74718.demi. jpg
Tout ceci nous amène à la question fatidique : quelle est la position de l’UPR sur le 11 septembre ? Asselineau entretient le doute : "Il y a des sujets que nous n’évoquons pas car trop clivants. Nous laissons les adhérents libres de penser ce qu’ils veulent« . Et, elliptique : »Nous ne sommes ni myopes ni presbytes". Et lui-même ? Il refuse catégoriquement de donner sa propre position sur le sujet. "Je ne vous le dirai pas. Aurait-on demandé à de Gaulle, en juin 40, quel est son point de vue personnel sur tel ou tel sujet ?" Sans réplique.
Par Laure Daussy le 24/09/2014 @si
05/01 19:26 - GrandGuignol
Fricoter avec des néo Nazis ??????? Marine Lepen valse à Vienne avec des pangermaniques (...)
05/01 18:20 - verdad
Depuis un tiers de siècle, les Français ont été pris en otage conjointement par les médias « (...)
05/01 01:32 - GrandGuignol
L’UPR te rend malade, sa progression inéluctable et rapide te files le tournis et tu (...)
05/01 01:02 - GrandGuignol
04/01 23:07 - GrandGuignol
t’es vraiment un troll de bas de gamme Isga. Si Asselineau acceptait ou se proposait à (...)
04/01 19:50 - lsga
0,01% de la population française est adhérente de l’UPR. c pas mal, quand on sait que (...)
Agoravox utilise les technologies du logiciel libre : SPIP, Apache, Ubuntu, PHP, MySQL, CKEditor.
Site hébergé par la Fondation Agoravox
A propos / Contact / Mentions légales / Cookies et données personnelles / Charte de modération