La mendicité considérée comme une forme de maltraitance : c’est sans doute une première. Selon nos informations, le tribunal correctionnel de
Paris vient de condamner un couple à huit mois de prison pour « privation de soins d’un mineur par ascendant ».
Pendant plus d’un an, les deux parents d’origine rom se sont servis de leurs deux plus jeunes enfants, des jumeaux âgés de seulement 3 ans, pour faire la manche sur un boulevard parisien. Saisi après un signalement du voisinage, le parquet de Paris a estimé le cas suffisamment grave pour transmettre en urgence le dossier à un tribunal et requérir des peines de prison. Les juges, dans une décision probablement unique à ce jour, ont suivi.
Le couple, installé en France depuis plusieurs années, tire l’essentiel de ses revenus de la générosité des passants. Début 2013, Mariana, la mère, une Roumaine âgée de 38 ans, commence à faire la manche sur le boulevard Barbès (XVIII e arrondissement). A ses côtés, Francesca et Anthony, ses deux plus jeunes enfants. « Quelle que soit la météo, ils étaient vêtus d’un bas de jogging et d’un pull, tous deux très sales. Lorsqu’il faisait vraiment froid, la mère leur donnait en plus une couverture à se partager », détaille une source proche de l’affaire.
Le triste sort des jumeaux émeut les riverains. La mairie puis la police sont informées, et la mère finalement arrêtée le 10 janvier en plein « travail » sur son coin de trottoir. « Lors de l’interpellation, les policiers relèvent l’odeur nauséabonde teintée d’urine des vêtements des enfants, et leurs cheveux longs, gras et sales », énumère un proche du dossier.
Ils vivaient au milieu des détritus
Les fonctionnaires investissent dans la foulée le domicile familial, un pavillon de Bondy (Seine-Saint-Denis) loué par le couple. A l’intérieur, au milieu d’un monticule de détritus, vivent le mari, 54 ans, et leurs deux autres enfants âgés de 6 et 10 ans. « Seul l’un d’eux était scolarisé », souligne cette même source. Les parents, sans revenus déclarés, sont placés en garde à vue puis présentés à un magistrat du parquet qui les convoquent devant le tribunal le 4 mars. Le père, Borijove, de nationalité française, est connu de la justice pour de petits larcins. Devant les juges, l’homme s’emporte, évoquant un complot ourdi par des proches.
Sa compagne, elle, « considère l’hygiène de ses enfants comme normal et assure qu’ils prennent une douche tous les jours », note un témoin présent. Les deux parents ont été condamnés à huit mois de prison ferme pour le père, avec sursis pour la mère, et doivent verser 500 € de préjudice à chacun de leurs enfants placés depuis les faits dans un foyer de l’aide sociale à l’enfance de Seine-Saint-Denis.