Ce que vous dites n’est pas totalement faux, mais réducteur. D’abord, de quelle époque parlez-vous ? Car entre les Hara-kiri, Charlie, La Mouise, La Grosse Bertha, Charlie Hebdo et autres créations éphémères, il y a eu des périodes très différentes, et un paquet d’artistes que personne d’autre n’aurait publié sont sortis de leurs écuries. Mais surtout, vous oubliez un facteur important expliquant qu’ils aient pu traverser les années en restant actifs et toujours lus : ils avaient, malgré tous leurs défauts (que vous énumérez avec justesse), un incroyable talent. Rien que pour l’époque Reiser, ça valait le coup ! Reiser, bon sang, vous avez lu ?
Qu’on les aime ou pas, la bande à Choron était unique. Moi non plus, je n’aimais pas du tout ce que Charlie Hebdo était devenu : une boite à rengaines toutes faites qui n’amusaient plus grand monde (en dehors de quelques bons dessins ici et là). La trahison de Val, l’affaire Siné, et le deux-poids deux mesures permanent ont fini par avoir la peau de ce journal, qui de toute façon allait devoir s’arrêter faute de lecteurs. Mais je n’oublie pas la grande époque. Oh non.
De toute façon, c’est définitivement fini. Même si Charlie Hebdo continue, ce ne sera plus jamais Charlie Hebdo. Tous les membres fondateurs sont morts et la position d’irrévérencieux désormais officiels du citoyen d’honneur de la ville de Paris lui interdisent de rester ce qu’il a pu être. Ce journal n’a plus aucun sens si on lui pose une auréole sur la tête. Il faudrait en faire un autre, un nouveau, aussi méchant, aussi bête, aussi libre, avec des jeunes se permettant tout, que personne n’ose publier. Hélas il n’y a plus de Pr. Choron... Reste le web. Pour l’instant.