Par ailleurs, vouloir opposer réflexion et attentisme d’un côté, et émotion et activisme de l’autre n’est pas très intéressant. J’appelle plutôt ça de l’agitation, du brassage de vent. Qu’ont accompli, exactement, les millions de français qui sont allés marcher hier ? Je veux dire, à part se compromettre avec les guignols politiques du monde entier venus redorer leurs blasons ?

J’ai beaucoup apprécié cet article, et n’y vois rien à redire. Hier, c’est seulement 1/15e de la population française qui est allée user ses semelles pour la « plus grande manifestation de tous les temps », voilà. Parmi les personnes que je connais qui y sont allées, on ne totalise pas beaucoup d’esprit critique ni beaucoup d’esprit d’analyse. Pour eux il fallait y aller, tout naturellement, pour « exprimer » son indignation et sa « solidarité ». En fait plutôt pour déverser un trop plein émotionnel, et participer à une grande messe laïque comme on en fait de mieux en mieux aujourd’hui. Ces « valeurs » qu’on a voulu rappeler seront vite oubliées, vous verrez. Retour à l’individualisme consumériste dans les plus brefs délais. Y a les soldes.

Il serait vraiment bon de se demander qu’est-ce vraiment que la sacro-sainte liberté d’expression qui nous sert de hochet, et en quoi il y a une liberté de la presse dans ce pays, quand tous les médias disent exactement la même chose avec des formulations vaguement différentes, quand elles ne se contentent pas de copisme AFP. On pourrait même se demander si ce que nous nous représentons comme une « démocratie » ne serait pas un peu une méga-arnaque et une arme d’illusion massive, mais houla ! N’allons pas trop loin... les gens sont encore tout émotionnés et leurs visages couverts de larmes à propos de gens qu’ils n’avaient peut-être jamais lus ou rencontrés, et réfléchir, c’est connu, c’est pour les tanches et les fiottes qui ne foutent rien qu’à critiquer les autres.

Nous sommes tous touchés par cet évènement. Seulement il n’y a qu’une façon d’éviter que ce type d’évènement ne se reproduise de manière cyclique et automatique, c’est de cerner et comprendre nos erreurs, et nos responsabilités, en tant que membres et collaborateurs de la société de consommation occidentale. C’est en fait infiniment moins stérile que d’aller se tenir par les coudes dans les avenues.