« Ce n’est pas la mort qui est indigne, c’est l’absence d’accompagnement. »
Vous avez absolument raison. Mais il ne faut pas oublier que l’accompagnement, aussi attentionné soit-il, ne résoud rien de la souffrance du malade, que celle-ci soit souffrance physique ou morale. Et c’est bien sur le sujet de la souffrance inutile et superflue que porte l’éventualité de l’euthanasie. Pas sur l’absence d’accompagnement de confort.
La question n’est pas de nourrir artificiellement ou de laver les fesses d’une personne immobilisée dans un lit, ou même de lui faire la lecture ou de lui jouer de la musique, ce n’est pas ça LA question importante.
Ce que ne supportent pas les humains parvenant en fin de vie, c’est se voir eux-mêmes dans un état de détérioration et de déchéance tel qu’ils ne peuvent plus s’assumer, ni physiquement leurs fonctions vitales, ni intellectuellement leurs fonctions cérébrales.
Cela est déjà une souffrance morale insupportable tant qu’il y a un espoir de guérison.
Mais quand à tout cela s’ajoute la souffrance physique et que tout espoir est abandonné, ne vaut-il mieux pas larguer les amarres ?
Le moyen technique est simple et à la portée de n’importe qui. Il suffit que le médecin donne une dose de morphine un eu plus forte et l’affaire est faite mais... L’ennui c’est que si on n’est plus capable de faire en sorte de partir soi-même, il faut qu’un proche puisse vous aider. Et pour l’instant, il ne peut pas.
D’un autre côté, est-il pertinent de légaliser ce qui ne doit rester qu’exceptionnel, et surtout un cas de conscience PERSONNEL ?
Je ne le pense pas. Edicter une loi serait la porte ouverte à l’eugénisme et à toutes sortes de dérives, voire même de crimes relatifs aux intérêts patrimoniaux.
Cette affaire doit rester une question de CHOIX PERSONNEL de l’individu malade, en fonction de sa philosophie personnelle, de sa religion, etc.
A cette fin, il devrait être possible de faire une loi qui ne prenne pas position sur la légalité de l’euthanasie elle-même de façon générale, mais qui rendrait obligatoire pour chacun de faire savoir clairement ses désidératas « pour le cas où », en étant porteur d’une carte précisant où doit s’arrêter dans son cas cet « acharnement » thérapeutique et demandant clairement qu’on y mette fin.
Il y a eu, me semble-t-il, des cartes de ce genre autorisant les prélèvements d’organes en cas d’accident, avant que la loi inverse cet accord le rendant positif par défaut.