Cher monde musulman, que dis-tu face à ce monstre ?
Tu cries « Ce n’est pas moi ! », « Ce n’est pas l’islam ! ». Tu
refuses que les crimes de ce monstre soient commis en ton nom (hashtag
#NotInMyName). Tu t’insurges que le monstre usurpe ton identité, et bien
sûr tu as raison de le faire. Il est indispensable qu’à la face du
monde tu proclames ainsi, haut et fort, que l’islam dénonce la barbarie.
Mais c’est tout à fait insuffisant ! Car tu te réfugies dans le réflexe
de l’autodéfense sans assumer aussi et surtout la responsabilité de
l’autocritique. Tu te contentes de t’indigner alors que ce moment aurait
été une occasion historique de te remettre en question ! Et tu accuses
au lieu de prendre ta propre responsabilité : « Arrêtez, vous les
occidentaux, et vous tous les ennemis de l’islam
de nous associer à ce monstre ! Le terrorisme ce n’est pas l’islam, le
vrai islam, le bon islam qui ne veut pas dire la guerre mais la paix !
»J’entends ce cri de révolte qui monte en toi, ô mon cher monde
musulman, et je le comprends. Oui tu as raison, comme chacune des autres
grandes inspirations sacrées du monde l’islam a créé tout au long de
son histoire de la Beauté, de la Justice, du Sens, du Bien, et il a
puissamment éclairé l’être humain sur le chemin du mystère de
l’existence… Je me bats ici en Occident, dans chacun de mes livres, pour
que cette sagesse de l’islam et de toutes les religions ne soit pas
oubliée ni méprisée ! Mais de ma position lointaine je vois aussi autre
chose que tu ne sais pas voir… Et cela m’inspire une question – LA
grande question : pourquoi ce monstre t’a-t-il volé ton visage ?
Pourquoi ce monstre ignoble a-t-il choisi ton visage et pas un autre ?
C’est qu’en réalité derrière ce monstre se cache un immense problème,
que tu ne sembles pas prêt à regarder en face. Il faudra bien pourtant
que tu finisses par en avoir le courage.
Ce problème
est celui des racines du mal. D’où viennent les crimes de ce soi-disant
« Etat islamique » ? Je vais te le dire, mon ami. Et cela ne va pas te
faire plaisir, mais c’est mon devoir de philosophe. Les racines de ce
mal qui te vole aujourd’hui ton visage sont en toi-même, le monstre est
sorti de ton propre ventre – et il en surgira autant d’autres monstres
pires encore que celui-ci tant que tu tarderas à admettre ta maladie,
pour attaquer enfin cette racine du mal !
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voir l’intégralité du texte : LETTRE OUVERTE AU MONDE MUSULMAN