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Commentaire de Daniel Roux

sur L'Union européenne, une Bastille à prendre pour les Grecs


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Daniel Roux Daniel Roux 26 février 2015 11:21

Il y a au moins deux façons d’aborder un sujet délicat, le traiter de manière exhaustive au risque de perdre le lecteur dans les détails ou de manière simplifiée au risque de manquer l’essentiel.

J’essaierais de ne pas être trop long.

La situation grecque n’est pas tombée du ciel, elle est l’aboutissement d’une histoire complexe et plus mouvementée, plus meurtrière même que l’histoire de la France.

La Grèce a été mise en coupe réglée par deux familles puissantes aussi cyniques l’une que l’autre qui accaparait tout ce qu’elles pouvaient à chaque alternance du pouvoir. La corruption et le clientélisme étaient tels que les notables ne payaient pratiquement aucun impôt, que les armateurs et l’Eglise Orthodoxe en était exemptée.

Pour des raisons obscures, Mitterrand a voulu que la Grèce entre en Euroland. La Grèce, comme la France, l’Espagne et le Portugal a donc trafiqué ses comptes pour accéder au paradis financier, c’est à dire aux emprunts à faible taux, sans rien changer à ses habitudes de dépenser plus que les revenus dont ils disposaient.

Une des particularités de la Grèce est d’attribuer une part excessive de son budget à l’achat d’armes de toutes sortes. La proximité et la pression de l’ennemi ancestral turc en est la cause principal mais aussi son appartenance à l’OTAN. Les avions américains, les chars allemands et autres babioles françaises remplissent les hangars à travers tout le pays.

Pendant des années, tout le monde a laissé faire parce que tout le monde y gagnait quelque chose. Les grecs, comme les autres, se sont donc endettés en euros jusqu’à la crise étasunienne des subprimes.

Les étasuniens ont cherché à détourner l’attention de leurs turpitudes bancaires et de leur lourdes responsabilités dans la crise financière de 2008/2009. Ils ont donc pointé du doigt l’endettement indécent quoique similaire à leurs propres dettes des pays de l’Euroland et le risque qu’il faisait courir à la finance mondiale. Le but était atteint et l’attention du monde financier s’est tournée vers l’Union Européenne et les dettes souveraines.

La crise des subprimes est devenue la crise de l’Euro.

Le pays la plus faible et le plus mal géré étant la Grèce, tous les doigts accusateurs se sont pointés sur elle. Ses taux d’emprunt ont explosé et la dette se révélait irremboursable.

La première urgence, pour les financiers qui gouvernent l’Europe et le monde occidental, fut de sauver les banques moyennant quelques abandons de créances. Des prêts exceptionnels furent accordés à des taux exceptionnels et leurs montants immédiatement versés aux grandes banques.

Restait au peuple grec, la rigueur et l’austérité pour équilibrer un budget qui ne l’avait jamais été, comme en France et en Allemagne d’ailleurs.

Les deux familles au pouvoir ainsi que les notables les plus fortunés avait depuis longtemps mis leur fortune en euro à l’abri dans des banques étrangères et n’eurent aucun scrupule à appliquer la potion amère exigée par les grands financiers représentés par le FMI et la BCE.

5 ans plus tard, les grandes banques sont remboursées, la dette a explosée, le peuple est à bout, le pays en déconfiture mais le budget primaire, hors intérêt, est à l’équilibre. N’est ce pas le plus important ?

Tsipras se fait élire avec un message : « Je vais renverser la table et exiger de l’Allemagne qu’elle rembourse ce qu’elle doit au peuple grec ».

Que ne l’a t-il pas fait dès son arrivée au pouvoir, en sortant de l’Euro, en faisant défaut sur la dette et en attaquant l’Allemagne devant un tribunal international ?

Pourquoi ? Je pense que la menace turque sur les eaux territoriales chypriote et grecque, riches en gaz et pétrole parait-il, ne soit pas étrangère à cette timidité. Que pèserait les forces militaires grecques même surarmée, face à la puissance turque ?

Quitter l’UE et l’OTAN pour faire alliance avec la Russie ? Une option aventureuse et pleine de danger alors que la Russie est face à l’OTAN en Ukraine.

Le jeu n’en vaut pas la chandelle. Il faudra donc en rabattre.

 


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