@njama
Comment inclure le divin dans un récit qui se veut historique, même dans un ouvrage de vulgarisation ? Je n’y mentionne l’épisode de la résurrection de Jésus qu’au conditionnel - le véritable événement qui dans ce cas intéresse l’historien, celui sur lequel en tous cas il peut se prononcer, ce sont les « témoins » et l’histoire de la diffusion de leurs témoignages.Il en va de même avec ce travail de synthèse des recherches historiques sur les origines de l’islam.
Que le divin soit intervenu dans cette histoire, je laisse tout un chacun libre de se faire son idée et sa croyance. Mais le fait est que l’histoire ne lui laisse pas beaucoup de place. Que Mahomet, ses inspirateurs, ses collègues prédicateurs, et tous ceux, scribes et califes, qui après eux ont écrit et réécrit les textes de l’islam aient été inspirés ? Permettez moi d’en douter très fort au vu du « faisceau de preuves et d’indices (...) dense et convergent » que les chercheurs ont exhibé.
Au reste, tous ces travaux sont conduits depuis un siècle ou deux sur le christianisme. En replaçant Jésus dans le contexte religieux réel de son époque, ils laissent d’ailleurs davantage de place à la croyance, c’est certain. Pour ce qui est de l’histoire du peuple hébreu, nous touchons à des temps tellement lointains qu’ils en tutoient le mythe. On va voir ce que les chercheurs nous réservent. On m’a fait part des découvertes de Davidovits par exemple - mais là je dois avouer qu’il est difficile de courir plusieurs lièvres à la fois. Je me concentre pour le moment, et depuis déjà assez longtemps, sur les islamologues. On verra plus tard pour les « hébrologues ».
Enfin, pour ce qui est de la possibilité de l’intervention du divin dans l’islam, je n’avais aucun parti pris lorsque j’ai découvert cette religion, il y a environ 10 ans, et que j’achetais mon premier coran. J’étais certes de culture catholique, toutefois je n’étais alors pas croyant. Mais le peu de culture biblique que j’avais est tout de suite entré en conflit avec ce que je voyais de la révélation coranique : vous dites que Dieu ne se contredit pas, mais c’est ce qui m’a tout de suite sauté au yeux.
Pour simplifier, dans la bible, nous voyons Dieu donner une loi au peuple hébreu - et à lui seulement - , et lui demander de s’y conformer. Ce serait sa première révélation, d’abord à Moïse puis par les prophètes juifs. Puis nous voyons Jésus « accomplir » la loi, libérer les hommes du carcan de la lettre de la loi, de sa pratique aveugle, pour s’attacher plutôt à l’esprit qui commande cette loi, et porter cette « loi du coeur » à toute l’humanité (tout en réalisant les prophéties des textes bibliques). Ce serait alors la seconde révélation. Et ensuite arrive la troisième avec l’islam, nous voyons Dieu revenir sur l’acquis de Jésus pour retourner à une loi façon « peuple hébreu », et à une élection restreinte du peuple choisi pour appliquer cette loi (les Arabes dans un premier temps, puis les musulmans non arabes). Et malgré l’annonce du paraclet par Jésus que les musulmans veulent assimiler à la venue de Mahomet, il n’y a aucune autre prophétie biblique pour annoncer une troisième révélation.
Bref, si je devais croire le coran, j’y verrais alors justement Dieu se contredire au fil de ses révélations. Et c’est exactement cela qui a titillé ma curiosité, et fait fréquenter les livres et la compagnie des chercheurs et des spécialistes des origines de l’islam. Et voilà en abrégé comment j’en suis arrivé à écrire un livre là dessus.