• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de sls0

sur ITER, vu de l'intérieur


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

sls0 sls0 27 mars 2015 19:41

@Ruut
A l’époque où je travaillais encore dans le nucléaire, j’ai eu à faire avec des enquêteurs internationaux lors d’un audit.
Il n’ont posé cette question :
Eux : Si votre hiérarchie vous demande de faire quelque chose qui soit hors norme sûreté, que faites vous ?
Moi : Je réponds non.
Eux : S’ils insistent fortement.
Moi : C’est toujours non, c’est la fonction qui décide et non la position hiérarchique.
Eux : Ils peuvent avoir des moyens de pression assez forts.
Moi : Lesquels ? On est pas en Corée du nord. Au plus ils me feront la gueule et peut être qu’ils bloqueront ma carrière au risque de se faire rentrer dedans vu le motif de blocage.
Eux : s’il passe par dessus de vous ?
Moi : il y a de grandes chances qu’ils tomberont sur un même gugus que moi.
Eux : Admettons qu’il tombent sur une personnes malléable.
Moi : Pas une, plusieurs. J’appelle la DRIRE ou la presse.
Eux : La presse ?
Moi : C’est très efficace.
Eux : La presse, vous avez le droit.
Moi : A part ma conscience professionnelle qui m’interdit de dire des bêtises ou de parler de choses sensibles au niveau sûreté ou process, je n’ai jamais rien signé à ce sujet, c’est pas les USA ici.
Moi : Faire quelque chose hors des clous et dangereux, ma conscience professionnelle me dit de bloquer, si en interne ça ne fonctionne pas, on passe par l’externe.

2 jours plus tard j’avais des remerciements du patron pour mes réponses qui avaient positivement impressionné les auditeurs sur la culture sûreté. J’ai quand même eu une réputation d’électron libre par la suite, pas trop bien vu par les chefaillons mais des relations sympas avec les décideurs et inspecteurs sûreté au grand désarroi des chefaillons.

Tout ça pour dire que légalement on est pas tenu au secret
, il y a la conscience professionnelle et parfois un esprit corporatiste.

L’inconnu engendre la peur et la peur engendre le rejet, ça s’applique très bien au nucléaire. Si on est du métier c’est un peu plus connu, des peurs il y en a moins, donc on a moins tendance à suivre les peurs des autres.
C’est un peu comme un électricien, il a moins peur de l’électricité, comme il connait ses dangers il côtoie et emploie mais n’agit pas d’une façon inconsciente. Il peut expliquer un peu ce qu’est l’électricité pour que les gens aient moins peur et qu’ils de méfient de ce qui est dangereux.
C’est un électricien est non un psychothérapeute, il peut expliquer pour éviter les peurs en faisant connaitre, pour les phobiques ou les intégristes anti électricité il ne peut rien faire, il subit les fantasmes et les peurs.

A l’époque où je bossais, je disait à mes collègues que s’il n’y avait pas eu Hiroshima on travaillerait peut être dans des conditions moins sûres, vous ne savez peut être pas mais les travailleurs du nucléaire vivent plus longtemps que la moyenne, il faut dire qu’il y a un bon suivi médical, ça aide.


Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès