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Commentaire de Jacques

sur La catastrophe de l'A320, c'est la folie de qui ?


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Jacques 30 mars 2015 15:42

@alinea

Je réponds avec plaisir à votre commentaire réfléchi.

Vous posez la question du libre-arbitre de chacun, qui existe encore, c’est vrai, mais seulement à l’état résiduel, dans une société qui a volontairement et méthodiquement émietté le travail, depuis la destruction des corporations voulue par la Révolution marchande de 1789, jusqu’à la destruction inouïe de l’école et de la morale après 1970. J’en sais quelque chose, je suis assez vieux pour avoir vu de près la décomposition avancer pendant les cinquante dernières années.

Dans l’Ancien Régime, une solidarité corporative unissait les équipes de maîtres, compagnons et apprentis dans l’orgueil du travail bien fait. Il suffit de regarder les œuvres de ce temps-là. Aujourd’hui, le seul mot de « corporatisme » est devenu péjoratif ; quant à la solidarité du travail d’équipe, elle est carrément interdite par le système de néo-esclavagisme appelé low cost. Cette inversion des valeurs est la folie dont je parle dans mon article. Toutes les molécules sociales qui agrégeaient les individus (famille, corporations, morale, nation, écoles) ont été la cible du « libéralisme » avancé. Les individus « libérés » se sont trouvé atomisés.

Dans ce contexte progressivement dégradé, où toutes les valeurs ont été sciemment renversées au nom de la religion d’une prétendue « liberté » (celle des propriétaires et du profit), ce que vous appelez le « libre-arbitre » d’un travailleur à la recherche « d’emploi » n’est plus que la liberté des particules dans le mouvement brownien de la lutte de tous contre tous.

Je ne dis pas que ce libre-arbitre n’existe plus, je dis qu’il est tellement asphyxié par la logique mercantile, tellement fragilisé par l’éparpillement des individus-consommateurs, que notre monde gouverné par la marchandise ne peut que se fissurer de toutes parts, comme un corps rongé par la maladie.


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