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Commentaire de Plum’

sur Suicide d'un sénateur : la caste politique serre les rangs


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Plum’ 8 avril 2015 14:24
Merci pour cet article qui montre l’intérêt d’un site comme Agoravox quand on cherche une information qui échappe au matraquage des grands médias.

Jean Germain n’était pas une oie blanche, seulement un élu à l’ego surdimensionné ayant eu longtemps des pratiques borderline. A force de jongler avec la légalité, il est tombé sur des juges qui ont enfin voulu agir.

D’autres affaires ont été mystérieusement enterrées, notamment son emploi semi-fictif d’inspecteur général de l’éducation nationale (révélé par la Cour des Comptes) ou le conflit d’intérêt avec sa conseillère municipale Charvet-Pello. Les sommes en jeu étaient plus importantes que pour les mariages chinois. Mais là aussi, il aurait pu dire et rabacher qu’il n’avait pas détourné un seul centime à son profit et c’était vrai. Le problème est bien ailleurs, il est de tricher sur les bords pour des profits indirects, ou simplement pour arriver à ses fins, et le procès l’aurait probablement démontré.

Le mot d’adieu de l’élu dépressif montre à quel point il est dans le déni, répétant une fois de plus qu’il n’a rien détourné (ce qu’on ne lui reprochait pas !), et accusant ceux qu’il avait pourtant fait plonger, notamment le directeur de l’office de Tourisme qui a été licencié et a eu de très graves ennuis de santé pour avoir servi de « fusible ». Ce directeur s’est défendu comme il a pu, avec honnêté. Et Jean Germain, qui a eu la lâcheté de se réfugier derrière son impunité parlementaire et celle de ne pas se présenter devant la Justice, lui reproche post mortem ses « mensonges peureux » (http://www.francetvinfo.fr/france/centre/indre-et-loire/jean-germain/la-lettre-d-adieu-de-l-ex-maire-de-tours-jean-germain_870201.html). Cette véritable victime d’un engrenage du « système Germain » peut pourtant, lui, garder la conscience tranquille pour avoir répondu de ses actes. Cette façon d’enfoncer une personne qui a refusé l’omerta est minable.

Durant trois mandats, Jean Germain a été maire de Tours. Les deux premiers ont été à peu près corrects, le troisième a été carrémment mauvais, avec des goûts de luxe et de démesure qui ont fortement déplus (cf. notamment le livre « Tours mégaloville » http://pressibus.org/blogcvl/megaloville).

C’était à un point tel que les Tourangeaux l’ont éjecté de la mairie avec perte et fracas. Aux 2ème tour des élections municipales de 2014, il n’a recueilli que 42 % des voix, contre 62 % lors des élections précédentes, ce qui va bien au-delà des causes nationales. Depuis cette claque, on le savait dépressif. La déroute de ses protégès aux récentes élections départementales n’a rien arrangé.

Qu’on ne nous dise donc pas que les Tourangeaux le regrettent ! Regretter son suicide, d’accord, regretter que la Justice ne se soit pas prononcé, d’accord, mais il n’y a vraiment pas lieu de regretter le patron et ses lieutenants qui répétent encore en boucle que le bilan était magnifique. Après audit financier, la nouvelle municipalité a été contrainte de vendre des biens municipaux et d’augmenter les impôts de presque 5%, quel bilan !

De plus, durant toute sa carrière, Jean Germain a bénéficié de l’indulgence très complaisante du média local dominant, La Nouvelle République (NR), qui était notamment très discret sur le procès qui allait s’ouvrir. Et, à part le Canard Enchaîné et un reportage de FR3, les médias nationaux étaient aussi très complaisants.

La NR est d’ailleurs étonnament discrète sur la mise en examen du successeur de Jean Germain à la tête de l’agglomération tourangelle : Philippe Briand, ancien trésorier de la campagne Sarkozy (truffée de fausses factures), compagnon de chasse de Jean Germain. En premier lieu, comment se fait-il que ce grand patron de l’immobilier soit président de l’agglo ? Le conflit d’intérêt (qui l’avait empêché de rester ministre) n’est-il pas flagrant ? Et maintenant qu’il est mis en examen, pourquoi ne démissionne-t-il pas ? S’il est innocent, comme il le dit, il est un très mauvais trésorier et ne mérite pas son poste. Le simple fait qu’il n’ait pas déclenché un audit financier sur les dépenses excessives de son prédécesseur n’est-il pas révélateur ? Toute cette collusion gauche-droite, pas toute la gauche et pas toute la droite heureusement, mais celle du couple Germain-Briand, s’est affranchie de certaines règles de droit, avec l’appui des grands médias locaux et de certains hauts magistrats.

Oui, le couple Germain-Briand a trop longtemps ignoré le respect des citoyens (beaucoup moins écoutés que les Bouyghes / Vinci / Eiffage...) et celui de la Justice, opérant comme dans une véritable féodalité provinciale, hors de tout contrôle (cf. notamment la « chape de plomb » décrite en http://tours.mediaslibres.org/tours-de-vices-et-bidon-d-or.html). Heureusement, on peut encore croire en notre démocratie et en notre Justice puisque les électeurs et certains juges ont su réagir. Mais ce n’est pas fini, il reste encore à déboulounner Briand...

On le voit, les circonstances du suicide de Germain sont très différentes de celles de Salengro et de Berégovoy. L’amalgale qui a été faite entre ces trois affaires est complètement déplacée, malsaine.

Merci aux juges qui savent travailler indépendamment des pressions politiques.
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