Tu ne fais part ici que de tes convictions religieuses, lesquelles n’ont aucun fond sinon une sorte de superstition et d’effet opiacé. Ca rassure, quoi. Il n’y a aucun exemple qu’un quelconque changement ait eu lieu un jour suivant la volonté d’une populace, ce truc informe, qui a un corps mais certainement pas de tête ; aucun exemple qu’une civilisation/société naquit un jour de son propre chef (c’est impossible, déjà) et de même mourut un jour de son propre chef. L’homme est un fétu de paille, jeté sur le flot du destin, qu’il se figure autre chose n’a aucune importance. C’est même l’objet principal de la tête que cela ; ben ouais, quoi depuis l’origine ? Une vérité, une seule ? Non, un grand livre exclusivement noirci de délire et de désillusion. Ce qui n’empêche pas certains, sinon la plupart, de croire que la tête c’est tout.

Et bref, s’il est difficile de savoir à quelle sauce Maman va nous manger, il est facile de sourire devant des enfantillages comme : ’un peuple ne rejette pas de gaîté de cœur les choix qu’il a faits*’
’les gouvernants, quels qu’il soient, ne pourront plus s’exonérer des attentes de ces classes populaires qu’ils ont si longtemps méprisées*’ ; ’on ne peut d’ailleurs espérer convaincre autrui que si l’on est dans la conviction sincère, en aucun cas dans le militantisme aveugle’.

Y a -t’il une seule révolution authentique qui ne soit pas passée par les cases factions, règlement de compte, purge ? Une seule où le détenteur du pouvoir n’ait pas sussuré matraque en main : ’quoi ? t’es pas content ? Tu veux le changement ? il te faut le gagner, viens le chercher.’

Bien sûr, Fergus, ça va se régler à la bonne franquette, au moment de la veillée, au coin du feu, entre personnes policées qui boivent le thé le petit doigt levé. L’Ordre dira : ’oui, nous vous avons trahi, nous le regrettons’ ; les voleurs et autres larrons diront ’nous remboursons les biens mal acquis, toutes nos excuses’ et du fond de la masse informe s’élèvera ce cri du coeur ’aimons-nous les uns les autres’.

Dire que je passe souvent pour une sorte de dingo et d’exalté.

(*rien que les tournures, fallacieuses comme souvent chez toi afin de ménager la chèvre et le chou et ne froisser personne sont significatives : pareil peuple démontrerait sa sottise et sa schizophrénie. Tu veux du reste sans doute parler du referendum de 2005, ce choix que le peuple a fait à l’insu de son plein gré. Et qu’il rejette, le gros naze. Ah, l’homo politicus, qui ne peut plus s’exonérer des attentes de ce peuple qui n’a pas moufté justement en 2005, devant le vol de sa souveraineté, une grosse merde tout juste bonne à être foulée aux pieds. Et qui l’est, comme de juste. Et sûr que l’Ordre avec son ’je m’en cogne de ta volonté, ferme-la’, n’était pas dans le militantisme aveugle mais pétri de bienveillance.)