Dix-septième point, qui arrive encore à retardement :
Devant la résonance de la molécule CO, les électroniciens pensent spontanément fréquence, et non pas « différence de niveau d’énergie ». Les manuels d’électronique sont pleins de schémas d’oscillateurs : Hartley, Colpitts, Clapp, Pierce, à déphasage, etc. En radio, on a longuement pratiqué la réception à changement de fréquence, superhétérodyne par
battement sur un oscillateur local (l’hétérodyne). Un champion du genre
fut le récepteur à ondes courtes des Flying Fortress, à double
changement de fréquence, avec filtres sur 355 kHz, puis sur 80 kHz, qui
après réforme et mise en surplus, a fait le bonheur d’une génération de
radio-amateurs - et la colère de leurs épouses, car il était gros comme
un réfrigérateur new-yorkais.Cet amateur en décrit un moins élaboré, le BC603, qui équipait des chars. Avant l’ère des tuners FM à PLL (boucles à verrouillage de phase), j’avais monté un tuner à modules Görler,
où il y avait quatre filtres en série sur la fréquence de 455 kHz. Son
inconvénient était la dérive thermique de l’oscillateur local, qui
obligeait à retoucher plusieurs fois l’accord. Oh certes, quand mon jeune collègue Sainsaulieu a commencé à écrire oscillateurs et résonance fréquentielle pour la molécule de monoxyde de carbone, j’ai riposté « différence de niveau d’énergie »,
conformément au catéchisme standard... Bhé oui, c’est lui qui avait
raison, et en 1926 Erwin Schrödinger avait déjà fait la théorie de l’émission de photon par battement de fréquences électroniques entre l’état final et l’état initial de l’atome.
L’ennui est qu’il avait alors abandonné le cadre relativiste, aussi ses
deux fréquences étaient sans commune mesure avec les fréquences
intrinsèques réelles de l’électron lié, n’étaient plus que du n’importe-quoi arbitraire. Seul le cadre relativiste fournit un zéro de l’énergie, donc les fréquences réelles, certes énormes et décourageantes.