Non mais on peut continuer longtemps comme ça, vous avez vos arguments et vos sources, on a les nôtres.
Ce que je vois c’est que vous pensez qu’une conspiration est faite contre les éleveurs, en faveur de l’UE, des multinationales et des écologistes qui veulent promouvoir le tourisme au détriment du reste. Vous pensez que votre opinion compte plus que celles des autres car vous êtes sur le terrain. Vous pensez que la cohabitation est impossible quoi qu’on fasse, quoi que vous fassiez. Vous ne voulez pas plus d’aide.
En clair : vous voulez faire disparaitre le loup de France une seconde fois. Ce qui est paradoxal, c’est que vous critiquez les fermes usines et les multinationales mais au fond, ce que vous voulez c’est la même chose ou presque, à savoir, un environnement aseptisé de toute contrainte, le champ libre pour vos activités, la différence étant la surface utilisée : vous dans d’immenses montagnes parsemées de forêts, les fermes usines sur des terrains plats n’ayant rien d’autre que l’optimisation du rendement. Quand on y réfléchit, l’éradication du loup n’est qu’une mesure d’ajustement afin d’optimiser votre rendement.
En France, la plupart des gens vivant des métiers « nature » ont strictement la même approche : les apiculteurs tuent les frelons et les guêpes (je ne vais pas rentrer dans le sujet du frelon asiatique, nouvelle tête de turque bien pratique) ; les pêcheurs en veulent aux hérons (qui par ailleurs ne font pas que manger des poissons) ; les forestiers en veulent aux cerfs, les agriculteurs détestent tout les insectes, oiseaux et mammifères pouvant entraver leurs cultures, les chasseurs en veulent à un peu tout et n’importe quoi.
Une approche que je comprends dans une certaine mesure : vivre d’un métier, quel qu’il soit, est souvent difficile, d’autant plus difficile quand des conditions aléatoires qu’on ne peut maitriser surviennent, mais cela justifie t-il pour autant l’anéantissement systématique de tout les concurrents ? Avoir une vision aussi simpliste d’un travail me laisse perplexe, heureusement que les autres secteurs ne procèdent pas comme ça ! Imaginez si on intimidait ou tuait toute concurrence ?
Je crois que personne n’a suggéré de ne jamais rien entreprendre face aux loups, par contre, il a été prouvé que les « prélèvements » sont inefficaces, alors pourquoi continuer sur cette voie ? La solution à votre avis passe t-elle forcément par l’anéantissement du pastoralisme ou du loup ? A vos propos, c’est clairement ça : « eux ou nous ». Et vous prétendez que les écologistes veulent en finir avec le pastoralisme, ce qui est faux : vous vous appuyez sur des commentaires de personnes anonymes, mais cela marche dans les deux sens, et si vous le désirez, des commentaires qui veulent buter des écolos, il y en a à la pelle. Quant aux propos anti-loups, non seulement au niveau des commentaires, mais même du côté des déclarations officielles, on en trouve à la louche, la dernière en date préconisant d’aller tuer les louveteaux dans leurs tanières...
Étant sur le terrain, votre opinion a évidemment plus d’impact que de ceux qui ne vivent pas la cohabitation. Par contre, cela ne vous donne pas forcément raison, votre cas personnel, et même si d’autres éleveurs sont sur la même ligne d’onde, non seulement cela ne signifie pas qu’une majorité est d’accord avec vous ; mais surtout, quand bien même ce serait le cas, face à une gestion à moyen et long terme, votre avis n’a pas plus d’importance que ceux des écologistes experts sur le sujet ou des scientifiques, car la société évolue ; bien des métiers ont disparu, les gens qui vivaient de ces métiers n’étant pas forcément d’accord de cette évolution...
Pour finir, croire que le WWF contrôle tout me fait doucement rire... Je ne nie pas que cette organisation, depuis ses débuts, a des côtés obscurs, que ses ressources sont immenses et que, plus qu’une association, c’est une sorte d’entreprise, dont je ne suis pas tout le temps d’accord quant aux décisions prises. Mais je crains qu’elle n’ait aucune sorte de pouvoir sur l’État français, et de toutes façons, au niveau du dossier loup, cela fait bien longtemps qu’ils ne le suivent plus, ou de loin.
Personnellement, j’ai l’impression que sur le dossier loup, l’État, depuis le début, ne sait pas quoi faire : la preuve, c’est que ni les pro, ni les anti ne sont jamais satisfaits. Par contre, j’ai l’impression qu’il penche plus en faveur des éleveurs pour éviter leur colère, la preuve avec le nombre de tirs qui augmentent d’année en année, la dernière déclaration de ségolène confirmant cela. Mais comme ils sont coincés par la signature de la protection intégrale du loup (réalisée quand il n y avait plus de loup, on ne se mouille pas trop), eh bien, ils ne peuvent pas vraiment trancher, perdant les uns ou les autres électeurs sur cette question. Le souci, c’est qu’il s’agit bien plus que de simples considérations politiques qu’il s’agit, c’est de l’avenir d’une filière et de l’avenir du « sauvage » en France dont il s’agit, pour trancher sur ces questions, il faudrait un gouvernement avec des couilles, car entre pro et anti, je doute qu’on arrive à un compromis.