La. révolution « bourgeoise démocratique », en Orient, prend inévitablement la forme d’une révolution dynastique : elle élargit les privilèges des exploiteurs, mais n’allège aucunement le fardeau de l’exploitation pour les opprimés. La féodalité indigène ne fait qu’endosser la défroque de « la démocratie européenne ».
L’Orient, c’est l’histoire vivante. On y retrouve encore par endroits des survivances du régime communautaire primitif (clan, patriarcat), les coutumes patriarcales et féodales s’y sont conservées dans toute leur force. La religion de l’Orient est une religion à la fois sociale et politique. Elle consacre le régime civil et familial existant. Elle est le soutien direct de l’inégalité sociale. Elle joue à peu près le même rôle que le catholicisme au moyen âge. « Du point de vue musulman orthodoxe, l’État musulman théocratique est la communauté des croyants dont le représentant sur la terre est le « sultan » (souverain, dirigeant) ; celui-ci n’est rien de plus que le délégué de Dieu ici-bas, délégué ayant pour mission de s’occuper — conformément aux exigences de la « charia » (loi religieuse) — des affaires civiles et religieuses de la communauté qui lui a été confiée par Dieu ; pour cela, il reçoit, de même que les « amiliami » (collecteurs du « zakat », impôt rituel) et les autres serviteurs de la communauté, la modeste gratification de quarante kopecks par jour. Le « zakat » qui devrait être employé à aider les pauvres, les orphelins, les invalides, à mener la guerre contre les infidèles, qui devrait être affecté, en somme, aux besoins de la société et de l’Etat, est devenu, entre les mains des derniers souverains musulmans, un revenu personnel dont ils disposent à leur gré, sans contrôle aucun et d’une façon absolument illégale ; les troupes et même la milice populaire, créées pour guerroyer contre les infidèles, répandre par la force des armes l’Islam et protéger la communauté des ennemis extérieurs, se sont transformées peu à peu entre les mains des souverains, en gardes du corps opprimant le peuple et servant exclusivement les intérêts personnels ou dynastiques de ces souverains. La communauté musulmane s’est transformée en rayat, en troupeau d’esclaves dociles, muets »12.
La mainmise, durant une longue série de siècles, sur la plus-value totale du travail devait être un obstacle à l’extension de la production sociale et empêcher tout progrès technique et économique. L’éterpe13 primitive (ketmen), la charrue primitive (omatch) sont, actuellement encore, presque les seuls instruments agricoles du cultivateur en Asie Centrale. Là, le Capital s’est naturellement arrêté dans son développement ; il n’est pas allé plus loin que l’usure et le trafic des articles de bazar.
La loi religieuse (charia) définit ainsi le droit de propriété. « Tout ce que l’homme possède, que ce soit la chose elle-même ou ses fruits, c’est là la propriété (mulk) ». Cette définition est le décalque fidèle des formes primitives de la production : la religion reconnaît au propriétaire le droit de vendre les choses qui lui appartiennent, ainsi que leurs « fruits » ; elle lui reconnaît le droit d aliéner l’excédent du produit de ses biens naturels.
Toute une série de peuples de l’Orient ne sont pas encore complètement arrivés, dans leur évolution, à la vie agricole (Kirghizes, Turcomans, Arabes, peuplades de l’Inde septentrionale, Kurdes, etc...). Néanmoins, parmi ces peuples les survivances du régime communautaire primitif sont, depuis longtemps, devenues une source d’exploitation de la majorité pauvre par les riches chefs de clans. Comme exemple, nous citerons les Kirghizes des steppes. « Possesseurs d’une économie étendue, le Kirghize riche a déjà complètement renoncé au labeur physique ; il n’est plus que le dirigeant, l’administrateur ; ceux qui font son travail, ce sont les journaliers. Le nombre de ces derniers varie en moyenne de sept à neuf par économie, mais il y a des économies, où l’on exploite le travail de vingt ouvriers, et même davantage. Un phénomène curieux à observer dans l’économie du richard Kirghize, c’est l’union des traits caractéristiques du capitalisme contemporain avec ceux de la société nomade primitive... Le clan, malgré sa décomposition évidente, demeure encore, dans la conscience du Kirghize le propriétaire légitime d’un territoire donné plus ou moins étendu. Le riche Kirghize, tout en se soumettant à cette indélimitation du droit de jouissance sur la terre, en retire des avantages considérables : il fait paître sans obstacle ses nombreux troupeaux sur tout le territoire de ses consanguins. Aussi n’a-t-il point, jusqu’à présent, de stimulant qui le pousse à délimiter sa terre de celle de la masse du peuple kirghize »14).
29/04 19:28 - Aristoto
rhoooooooooo quand est ce la misère finira en afrique que ces salopiaud arrete de venir chez (...)
29/04 19:22 - Aristoto
@Aristoto à préciser que j’ai rien contre les noirs, tout le contraire ...enfin plutôt (...)
29/04 19:20 - Aristoto
@César Castique J’aime bien cet Achille Mbembé, la France sera un jour peuplé (...)
29/04 11:11 - Fifi Brind_acier
@César Castique Et alors ? On parle de l’ Afrique actuellement. « Contre la (...)
29/04 08:27 - César Castique
@Fifi Brind_acier « En quoi cela supprime la responsabilité de ceux qui on... » C’est (...)
29/04 00:06 - César Castique
@Fifi Brind_acier « ...si c’est Achille machin qui le dit... » La (...)
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