DE LA REPENTANCE
Les nostalgiques de l’Algérie
française et les thuriféraires de la colonisation s’indignent volontiers de
l’attitude de certains Algériens qui, refusant tout enfermement en amnésie,
exigent repentance à défaut d’expiation. L’antagonisme des souvenirs respectifs
traduit simplement une évidence : il n’y a pas compatibilité entre la mémoire
du colonisateur et celle du colonisé. Les uns peuvent donc, à propos de
repentance, s’offusquer de son exigence et les autres s’indigner de son refus.
Il est des JUSTES qui refusent
d’excuser les crimes coloniaux, et admettent largement que l’Algérie a subi une
domination injuste et cruelle plutôt qu’une occupation douce et bénéfique. Pour
eux, la guerre de libération ne fut que la poursuite d’un combat séculaire et,
in fine, le seul moyen laissé aux Algériens de parvenir à une
indépendance obstinément refusée.
Les Pieds Noirs ont vécu, de
leur côté, les drames d’une guerre
cruelle, puis ceux d’un exode brutal et douloureux. Ils ont abandonné une terre
dont ils étaient persuadés (ou dont on les avait persuadés) qu’elle était la
leur pour l’éternité. Leur installation, nous pourrions même dire leur
intégration, dans une
« métropole » largement hostile n’a pas été des plus faciles, il faut
également en convenir. On ne saurait donc leur reprocher d’avoir quelque
nostalgie du bonheur perdu ou de se souvenir de drames personnels et familiaux
consécutifs aux attentats.
Mais laissons aux Algériens le
soin de dresser le bilan de la colonisation qu’ils ont subie et vécue. Ils ne
sauraient pour leur part dresser un bilan positif d’une aventure qui a commencé
par une guerre de conquête impitoyable, s’est poursuivie par une spoliation
permanente, et s’est terminée par une guerre de libération qu’ils ont quelque
droit de magnifier.
Cf.
http://www.wmaker.net/u-zinu/  ;  ; -
Rubrique « SEQUENCES ALGERIENNES » – article " L’Algérie de
Camus… et des autres".