@Orélien Péréol
Comme je l’ai déjà dit, je n’ai pas la compétence pour juger de la sociologie de Todd.
je vous propose un article qui peut-être complète votre point de vue dans sa conclusion que je reproduis ici.
Il est assez possible que ce qui est dit là, ne soit pas incompatible avec ce que dit Todd, en ce sens que d’un même évènement, plusieurs niveaux de lecture sont possible. A l’évidence, il y a un parti-pris chez Todd, (il parle d’une intuition avant de commencer son étude). Pour moi ce sont des questions secondaires.
extraits :
Après
avoir lu « Qui est Charlie ? », je n’adhère pas à la thèse d’Emmanuel
Todd sur les mobiles politiques, selon lui d’ordre ethno-religieux, qui
auraient conduit les uns à se sur-mobiliser et les autres à se
sous-mobiliser lors des manifestations.
Ma lecture du motif des manifestations suit le principe philosophique du rasoir d’Occam,
que la méthode scientifique appelle le principe d’économie. À savoir :
je n’ai pas besoin de causes supplémentaires, si les causes déjà
identifiées suffisent à expliquer le phénomène.
Sur cette base, concernant le mobile des manifestants, l’instinct
grégaire pour faire foule d’un « nous », les « gentils », contre « eux », les
« méchants » (c’est-à-dire les terroristes), me semble une explication
basique à la fois nécessaire et suffisante. À cet égard, je ne vois pas
en quoi les manifestations auraient été moindres si, par exemple, les
cibles avaient été la rédaction de Radio J, et les terroristes des
néonazis.
Quant à la sous-mobilisation des milieux populaires, là encore, le
principe d’économie me conduit à me contenter d’une cause nécessaire et
suffisante : les pauvres étant des exclus de la société, des déclassés,
ils se sont sous-mobilisés quand il s’agissait d’un « nous »porté par la
« France d’en haut » dont ils ne font pas partie. Cette sous-mobilisation
serait donc un symptôme non pas d’une grande crise ethno-religieuse
française, mais plus simplement d’une aggravation stupéfiante de la
cassure entre la « France d’en haut » et la « France d’en bas ».
Sur ce point, je suis donc conduit à un désaccord avec l’Emmanuel
Todd de 2015… en étant d’accord avec l’Emmanuel Todd de 1995. Ce dernier
est en effet l’auteur d’une note pour la Fondation Saint-Simon,
intitulée « Aux origines du malaise politique français »,
qui expliquait la crise politique française par l’existence d’un fossé,
de plus en plus béant, entre la France des inclus et la France des
exclus.