Je voudrais ajouter une chose : il y a un point sur lequel Todd, Vall et Thomas Guénolé sont d’accord : tout le monde n’a pas été Charlie. Et se point donne raison à Todd : l’unanimisme qu’on nous a vendu est une imposture.
Alors Valls, en profite pour pointer du doigt les banlieues qui seraient ainsi le problème de la France et admet aussi qu’une partie des Français qui sont en difficulté ne ce sont pas senti concernés. Manifester pour la liberté d’expression serait un divertissement bourgeois pour qui n’a pas la liberté de trouver un boulot ni celle de trouver un logement.
T Guénolé y voit une rupture entre la France d’en haut et la France d’en bas. Todd ajoute que la lecture des cartes montrent que la question religieuse est également à prendre en compte. Il propose le critère de l’age, le critère de la couche sociale et le critère de la religion ou plutôt de l’origine religieuse. C’est intéressant, mais ce n’est pas ce qui m’intéresse.
Moi, ce qui m’intéresse c’est de voir que tout le monde n’est pas Charlie et au propos de Todd qui demande qui est Charlie, moi je demande mais « qui n’est pas Charlie ? »
Comme je l’ai fait remarquer dans mon extrait de Jünger, on veut nous faire croire à l’unanimisme, que tout le monde est Charlie : ceux qui ne sont pas Charlie ne seraient qu’une infime minorité, pire ils ne seraient pas la France. Ce que je vois alors, c’est que ce slogan « Je suis Charlie » est en réalité un discours d’exclusion, un discours qui exclut une partie des Français - ceux qui ne sont pas Charlie - de la République.
Je dis non. On peut ne pas être Charlie et on doit pouvoir s’exprimer sur les raisons pour lesquels on n’est pas Charlie, sans être frappé d’anathème par les bien-pensants. Voir à ce sujet comment Booba, s’est fait insulter par Charlie Hebdo, simplement pour avoir émis quelques idées pas tout à fait conforme à ce qu’il faut aujourd’hui penser.
Moi, j’ai plein de raison de n’être pas Charlie bien que mon profil socio-ethnique me classerait chez Todd dans la catégorie de ceux qui le sont.
Quelques raisons de n’être pas Charlie :
- la liberté d’expression : je crois qu’en France la liberté d’expression est cadenassée par les marchands d’armes et les industriels.
- l’hommage aux victimes : j’y oppose l’indifférence que la grande majorité de Français ont à l’égard des victimes du terrorisme. Cabu et Wolinski mort ? oui, et alors ?
- le respect dû au mort : merci de me signaler la dernière fois que Charlie Hebdo à manifestéun tel respect.
- le droit au blasphème : l’insulte ne fait pas partie de mes valeurs.
- Charlie Hebdo un journal innocent ? non un outil de la politique néo-conservatrice américaine qui nous conduit dans aux chocs des civilisations : des millions de morts sont à venir et leur ligne éditorial participe de ce massacre.
- le droit à la caricature ? Comme pour la « Libre Parole » de Drumont où le journal de streicher ? non merci.
- dire non au terrorisme ? la principale fabrique de terrorisme est les USA dont nous sommes de serviles valets. La France pratique le terrorisme d’état, je ne vais pas donner ma voix à ces politiques.
- aussi je crois au complot et je crois aussi les musulmans et les plus faibles d’entre nous seront encore ceux qui vont payer le plus lourd tribut dans cette affaire.
etc, etc, etc...
Je ne suis pas Charlie. Je ne pense pas être le seul. Je ne crois pas que la liberté d’expression en France soit telle qu’elle permette l’expression de ce genre de point de vue autrement qu’à la marge.
Pour le dire autrement, nous ne sommes pas Charlie et notre expression est confisquée par les médias de masse et par les politiques et Charlie cautionne ce fait : la parole est confisquée, la république est prise en otage.
Si l’on veut lutter contre l’hydre totalitaire qui s’installe en France, il faut libérer la parole, il faut multiplier les débats, il faut opposer les points de vue contradictoire : Charlie, c’est le contraire de ça.
« Je suis Charlie » est totalitaire.
Profondément totalitaire.