@ bonsoir alinea,
« Je suis complétement ébahie qu’on puisse à ce point s’intéresser au sujet si on ne l’a pas vécu soi-même ! Et en dire tant de choses qui nous « tombent » des yeux quand on l’a vécu ! »
Pas sûr d’avoir compris ce que vous entendiez par là. Si vous pouviez être plus précise...
« En tout cas, depuis que je vous lis, sans doute sans toute l’attention nécessaire, je ne vous ai jamais vu écrire qu’un pervers narcissique ne peut l’être qu’une fois dans sa vie avec sa « victime » qui elle ne l’a jamais été avant ni ne le sera jamais plus. Ce « couple » me parait fondamental. »
En effet, je n’ai effectivement jamais dit les choses ainsi, et pour cause...
La perversion narcissique est une théorie dimensionnelle ET catégorielle. Dans cette conception de la personnalité pathologique, il faut distinguer le « mouvement pervers narcissique », de la « formation perverse narcissique », et pour finir de « l’organisation perverse narcissique ».
Or, seule l’organisation perverse narcissique désigne LE pervers narcissique dans la théorie de P.-C. Racamier, mais ce que la plupart des gens appellent un « pervers narcissique » n’est en fait que l’observation d’un mouvement perversif ponctuel et passager.
Le couple qui vous paraît fondamental n’est que le « produit » d’un « mouvement perversif » dont la personne qui joue le rôle de bourreau supposé ne mérite en aucun cas le qualificatif de « pervers narcissique accompli » au sens ou l’entend Racamier.
C’est bien là la confusion qu’introduisent tous ceux qui utilisent cette expression mal à propos : ils confondent un mouvement pervers narcissique (ou mouvement perversif) avec l’organisation de la personnalité perverse narcissique. Ce faisant, ils ne peuvent vraiment pas saisir toute la destructivité à l’oeuvre dans ce genre de relation.
En effet, dans le premier cas, le mouvement perversif est très fréquent et notre société consumériste y contribue largement.
Le second cas est beaucoup plus rare et pour qu’une perversion narcissique s’organise, il faut des conditions et une situations bien précise.
Ce concept de théorie dimensionnelle est bel et bien ce qui pose problème à tout ceux qui sont pressés de coller des étiquettes sur les gens à tout bout de champ dès qu’un conflit éclate entre deux ou plusieurs personnes. Les professionnels de la santé mentale ont été formées aux diagnostics différentiels basé sur les classifications internationales influencées soit par le DSM et la CIM), soit par la psychanalyse, etc., mais les choses évolues et concernant les troubles de la personnalité, le nouveau DSM-5 vient d’intégrer ce type d’évaluation dimensionnelle à côté de sa nosographie classique. Les futurs professionnels devront donc intégrer ce changement de paradigme dans leur pratique.
Ce qui revient à dire qu’ils devront tenir compte de l’intensité, de la fréquence et de la durée des comportements délétères incriminés avant de poser un diagnostic. Ce que je répète sans cesse dans la plupart de mes articles.