Pour avoir de idée de la façon dont Israël se fiche royalement des décisions de justice il est intéressant de prendre connaissance de l’ information suivante.
Un tribunal helvétique vient de condamner le gouvernement
israélien à rembourser plus d’un milliard de dollars à l’Iran, à titre
de compensation pour des avoirs confisqués par Israël après la
révolution iranienne de 1979.
Les beaux jours de la coopération avec la dictature du Shah : réunion militaire au sommet, Tel-Aviv, 1975
Du
temps de la monarchie du Shah d’Iran, ce pays entretenait les
meilleures relations avec Israël, dont il était l’un des principaux
fournisseurs de pétrole. Parallèlement, les barbouzes israéliennes
formaient la police politique du Shah, la redoutable Savak, connue pour
le « raffinement » de ses tortionnaires.
Dans le cadre de cette coopération bilatérale, une compagnie mixte
irano-israélienne avait été créée en 1968 pour la construction d’un
pipeline reliant Eilat, sur la mer Rouge, où le brut iranien était
déchargé, à la Méditerranée (le canal de Suez étant à cette époque
bouché, du fait de la guerre israélo-égyptienne). L’objectif était, pour
l’Iran, de faciliter ses ventes de pétrole vers l’Europe, et pour
Israël d’empocher une partie des frais d’acheminement. La route
alternative vers l’Occident, empruntée par les autres pays pétroliers du
Golfe arabo-persique, nécessitait en effet un détour de plus de 20.000
kilomètres, contournant toute l’Afrique.
De fait, l’oléoduc Eilat-Ashkelon est achevé dès 1969, et
pendant une dizaine d’années le transfert de brut iranien via Israël
s’opère sans encombre.
Mais en 1979, un vaste mouvement populaire, qui donnera naissance à la
République Islamique d’Iran, renverse le Shah, chouchou d’Israël et des
Etats-Unis.
C’est alors Israël qui prend l’initiative de nationaliser le pipeline,
confisquant la part de 50 % détenue par l’Iran. Qui plus est, Israël
était, lors de la rupture, débiteur de dizaines de millions de barils
iraniens, reçus et revendus, mais pas payés au pays producteur.
C’est sur ce dossier que la justice suisse vient de se prononcer, en condamnant Israël à rembourser, sur plainte de l’Iran.
Il y a d’autres contentieux. Selon le quotidien israélien Haaretz, le
Tribunal Fédéral (Cour suprême) suisse a donné son feu vert à l’Iran
pour engager des poursuites en recouvrement du reste de la dette
israélienne (notamment le vol d’une série de tankers) d’une valeur de 7
milliards de dollars.
Mais « la seule démocratie du Moyen-Orient » n’a que faire du droit
international. Ce pays, qui menace constamment l’Iran d’une attaque, y
compris nucléaire, a ainsi fait savoir qu’il n’avait pas l’intention de
se plier à la décision de la justice suisse.