Il y a en Europe un pays dont la population se renouvelle mal et qui manque de main-d’oeuvre qualifiée. Il est donc ouvert à une certaine immigration, européenne de préférence, sinon mondiale. Les chômeurs français pourraient y aller travailler, s’ils étaient capables de comprendre un peu d’allemand. Quelques Alsaciens en profitent largement et y trouvent le boulot qu’ils n’ont pas en France. Mais d’autres, échaudés, refusent d’y aller, car à la moindre difficulté économique et de réduction de personnel, c’est eux qui sont licenciés. Immigration choisie, disent les autorités allemandes.
En France la situation est différente. Si le pays est riche et financièrement capable d’accueillir beaucoup d’immigrés, cette richesse est si mal répartie qu’elle ne sert ni à l’accueil des immigrés, ni aux chômeurs, ni aux travailleurs pauvres. Par volonté politique, notre système social est à bout de souffle, tout comme le personnel des urgences dans les hôpitaux, tout comme les enseignants dans beaucoup d’établissements. L’accueil de nouveaux immigrants, une nécessité en soi,impératif humaniste, est désormais très difficile. Par volonté politique, la part du gâteau, je veux dire de la richesse nationale, qui est consacrée au social, est de plus en plus petite, insuffisante même. Et il faut la partager avec un nombre de personnes de plus en plus grand.
La seule solution est de changer de politique : donner moins du gâteau aux plus aisés, aux actionnaires en particulier, pour que le reste de la population ait davantage à partager. Cela va à l’encontre de la politique du gouvernement, de l’Europe, du néolibéralisme mondial. C’est pourtant ce qu’il faut faire.
Et puis, arrêter d’aller faire la guerre un peu partout « pour protéger nos intérêts économiques » (ceux des actionnaires, une fois encore), au contraire, faciliter le dialogue dans les pays en croise, au lieu de souffler sur les braises. Les pauvres, les affamés de ces pays, ceux qui n’y voient plus d’avenir, n’auront plus de raison de quitter leur pays natal, leurs familles et leurs amis pour tenter de trouver chez nous ce qu’on leur a enlevé chez eux. Ils vivront mieux chez eux et nous vivrons mieux chez nous.
Vous avez compris, l’ennemi ce n’est pas l’immigré, c’est l’actionnaire, c’est le profiteur du système, c’est celui qui, à la tête de l’Etat, préfère donner toujours plus aux riches, en le prélevant sur les autres.
Ne cherchons pas midi à quatorze heures.
Que faire pour changer cette situation ? En parler, convaincre d’autres qu’on peut, qu’on doit agir. Utiliser son bulletin de vote, et s’il le faut descendre dans la rue.