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Commentaire de morice

sur Il faut mieux savoir à qui on prête de l'argent, non ?


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morice morice 2 juillet 2015 19:31

« C’est un des principaux griefs adressés par l’Europe et les États-Unis à l’encontre des dirigeants grecs. « Que chaque Grec paie ses impôts », avait même lâché le ministre des Finances Michel Sapin début février sur Europe 1. En cause, le laxisme d’Athènes face à l’augmentation de l’évasion fiscale qui représente un manque à gagner d’1,4 milliard d’euros, mais également les écarts de pression fiscale entre les plus riches et les classes les plus modestes. « La moitié des Grecs les moins riches a vu ses impôts augmenter de 340% et ceux de la moitié des plus riches n’ont progressé que de 8%, déclare Stéphanie Villers. 6000 entreprises échappent à l’impôt. Ce qui représente un manque à gagner pour l’État de 40 à 45 milliards d’euros ». Une manne financière non négligeable pour un pays qui a besoin de 20 milliards d’euros cette année. « En voulant compenser les pertes de recettes par des hausses d’impôts, les dirigeants grecs ont développé l’économie souterraine », ajoute Céline Antonin. Même les touristes sont invités à jouer les contrôleurs fiscaux.

A ce sujet, le premier ministre, Alexis Tsipras, a annoncé la semaine dernière, avoir engagé un « dialogue » avec l’Eglise afin d’user des biens du clergé pour renflouer les caisses de l’État. Selon les chiffres publiés par les autorités ecclésiastiques, l’Église grecque serait à la tête de quelque 113.000 hectares d’étendues forestières, de 4000 hectares de terres agricoles et de 86.000 m² d’immobilier urbain. Soit un patrimoine compris entre 750 millions et... 2,5 milliards et sur lequel elle ne paie « qu’ »une dizaine de millions d’impôts. 

• Corruption

Avec l’évasion fiscale, c’est l’un des principaux maux de la Grèce. En 2014, le pays s’est classé à la 69e place (sur 175 pays), selon le dernier classement de l’ONG Transparency International. Un an plus tôt, il se positionnait au 36e rang. Mais sur ce point, il semble que la Grèce avance sérieusement : Leonidas Bobolas, fils de l’un des principaux oligarques grecs, a été arrêté pour avoir fait sortir 4 millions d’euros du pays. L’homme d’affaires a été conduit au tribunal d’Athènes en procédure de flagrant délit. Il a finalement accepté de verser les 1,8 million réclamés par la justice. Le ministre grec anticorruption, Panagiotis Nikoloudis, a promis, dans une interview au Parisien-Aujourd’hui-en-France, que la Grèce devrait récupérer 2,5 milliards d’impôts cette année, grâce à une coopération entre l’État et les banques.

• Le pouvoir « kidnappé » par les grandes familles

Le ras-le-bol exprimé par les Grecs lors des élections législatives de janvier dernier tient d’un particularisme local. Depuis la chute des colonels, en 1974, et jusqu’en 2011, le pouvoir était aux mains de trois dynasties familiales. Celle des Mitsotakis, héritiers du fondateur de la Grèce moderne Elefteros Vanizelo (un premier ministre, Constantin, de 1990 à 1993). 

Celle des Caramanlis, (Constantin, premier ministre pendant 14 ans puis président de la République, puis son fils Costas, premier ministre de 2004 à 2009). Et enfin celle des Papandréou, (Andréas, premier ministre de 1981 à 1989, puis de 1993 à 1996, puis Georges, premier ministre de 2009 à novembre 2011), qui a créé et dirigé le Pasok, le parti socialiste grec, devenu très impopulaire. Depuis la victoire éclatante du parti d’Alexis Tsipras en janvier dernier, et pour la première fois depuis 40 ans, les Papandréou ne sont plus représentés au Parlement. 

Conclusion : « Le problème de la Grèce, ce n’est pas uniquement une crise de dette - qui pèse 177% de son PIB -mais également une crise de liquidités », souligne Stéphanie Villers. Conséquence : le gouvernement oblige les organismes publics et les collectivités locales à transférer leur trésorerie à la Banque centrale. « Cette décision est peut-être le signe que le pays souhaite utiliser, en cas d’urgence, ces fonds pour rembourser le FMI au mois de mai », réagit Christopher Dembik. Mais aussi, et surtout, que l’État est en manque de moyens financiers. »


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