@Robert Lavigue :
Jacques
Derrida, pages 172-73 de Spectres de Marx (Galilée, 1993), et
Paul Ricœur dans Lire (octobre 2001), parmi bien d’autres,
ont déploré les entraves à l’information, la réflexion publique
et l’expression établies par certains hérauts de la lutte
anti-raciste ou anti-révisionniste. Olivier Mongin et Joël Roman
ont été amenés à déplorer « l’esprit de faux qui
anime beaucoup de ceux qui ne cessent de dénoncer le révisionnisme
dans tous les domaines. » (Esprit, juillet
1998, p. 164).
Un exemple de cet esprit de faux fut donné par
l’historien Pierre Vidal-Naquet lui-même quand il expliquait : «
C’est ce que j’ai écrit, et cru, en 1981, mais,
renseignement pris, j’avais tort » (Les
Assassins de la mémoire. 1987, page
202, note 2) ; P. V.-N. employait dans cet ouvrage des
expressions curieuses, comme « chambres à gaz
imaginaires ou n’ayant pas fonctionné » (page 203,
note 12), ou encore « il y a eu des chambres à gaz imaginaires
» (page 219, note 44).
Mais autant qu’un esprit de faux, épistémologiquement, c’est
politiquement un esprit d’inquisition, de police de la parole – une
police qui trouvera, hélas, bien moins d’opposants que la police des
mœurs car le pluralisme de l’expression, et la pensée tout court,
sont encore loin d’être les valeurs intellectuelles dominantes