« Il y a un refus implicite de l’Occident de mettre fin à ses gaspillages et à son expansion des high-tech. On cherche au contraire à se donner bonne conscience en expliquant (comme JJ Servan-Schreiber) que ce sont précisément ces derniers qui permettront au tiers-monde de sortir de l’impasse. Ce qui est un bluff technologique ! Alors, comme suite de ce refus, de cette totale absence du raisonnable, que faut-il attendre ?
On pouvait être tranquille tant que le tiers-monde n’avait pas d’idéologie mobilisatrice. (...) Mais maintenant, le tiers-monde est muni d’une idéologie puissante mobilisatrice, l’islam. Celui-ci a toutes les chances de réussir contrairement au communisme qui était encore importé d’Occident. (...) Il gagne à une vitesse extraordinaire toute l’Afrique noire, il mord de plus en plus largement en Asie. Or, c’est une idéologie à la fois unificatrice, mobilisatrice et combattante. A partir de ce moment, nous allons être engagés dans une véritable guerre menée par les pays du tiers-monde contre les pays développés. Une guerre qui s’exprimera de plus en plus par le terrorisme, et aussi par »l’invasion pacifique« .
(...) Et en même temps se produira inévitablement l’infiltration croissante des immigrés, travailleurs et autres, qui par leur misère même attire la sympathie et créent chez les Occidentaux de noyaux forts de militants tiers-mondistes. (...) Toute mesure prise par le pouvoir, soit pour les empêcher d’entrer, soit pour les contrôler, rencontrera une opinion publique et des médias hostiles. (...) L’Occident va se trouver, sur le plan mondial, d’ici vingt-cinq ans, dans l’exacte situation actuelle de la minorité blanche d’l’Afrique du Sud, face à la majorité noire. Et cela aura été, à longue dstance, l’effet de la technicisation, jouant à deux niveaux comme nous l’avons montré. »
Jacques Ellul, Le Bluff Technologique, 1988