Omar
A propos de mes "nauséabondes
idées" voici comment je disais moi-même en mars 2000 (1) ce que vous
répétez ici : l’antisémitisme est
un concept totalement et foncièrement chrétien.
Dans le Décalogue,
où l’on voit à juste titre d’excellentes bases morales de la civilisation
judéo-chrétienne, il y a aussi cette précision que l’on oublie généralement :
Yahvé s’y déclare par la voix de Moïse "un Dieu jaloux, châtiant la faute
des pères sur les fils, sur la troisième et la quatrième génération" (Ex
20). Mais plus tard Jérémie (Jr 31, 29) et surtout Ézéchiel (Ez 18 et 33, 10)
modifient cette conception et établissent la nouvelle règle, celle de la
« rétribution personnelle », inclue dans la Nouvelle alliance :
"Qu’avez-vous à proférer ce dicton en terre d’Israël : Les pères mangent
du raisin vert, et les dents de leurs fils sont agacées ? .../... la personne
qui pèche c’est elle qui mourra" (Ez 18).
Un autre prophète
juif, Jésus, élargit encore la notion de justice, le rejet de la violence
exercée contre les innocents et la générosité. L’amour du prochain, désormais,
doit être universel, s’adresser à tous les peuples et non plus seulement au
peuple élu. Dès son origine l’église
catholique, traduisant dans les faits le terme grec « katholicos » par
« totalitaire » plutôt que par « universel » a, sur le problème
de la violence, non seulement annulé le progrès amené par Jérémie et Ézéchiel
mais introduit une épouvantable aggravation de la conception énoncée par le
Dieu jaloux de l’Exode. Son nouveau dogme de « Jésus homme-Dieu » l’a
amenée à considérer logiquement que ceux qui l’avaient condamné à mort étaient
« déicides » mais elle n’a pas arrêté là sa folie interprétative. Elle
a décidé que ce n’étaient pas seulement les quelques juifs qui, avec Pilate,
avaient effectivement prononcé la sentence qui se faisaient déicides mais aussi
tous leurs contemporains juifs qui refusaient le nouveau dogme. Puis elle est
allée beaucoup plus loin encore : seraient aussi éicides tous leurs
descendants. Et pas seulement jusqu’à quatre générations : presque vingt
siècles plus tard ceux des juifs qui continuaient toujours la tradition de
l’Ancien Testament étaient encore considérés comme déicides par le catholicisme
papiste.
(1) Ce texte était
titré Désacraliser la violence religieuse.
Je n’ai pu le publier ni dans la petite revue philosophique qui proposait un
débat sur le thème La religion à quoi bon
? et pour laquelle je l’avais écrit, ni plus tard, après le 11 septembre
2001, chez l’un des quarante éditeurs auxquels je l’ai proposé avec d’autres
textes. C’est aujourd’hui que je souligne le passage relatant la création et la
culture de l’antisémitisme par l’église catholique.