Bonjour, Allexandre

« Quand on connaît l’impact des journaux télévisés dans les choix politiques des citoyens, force est de reconnaître le pouvoir qu’ils possèdent. »

C’est globalement vrai, mais ce n’est pas aussi simple. Et pourtant cette affirmation récurrente est très largement approuvée dès lors qu’elle est émise par qui que ce soit sur un forum. Et cela pour une bonne raison, à mon avis : elle permet à chacun de s’exonérer des choix collectifs qui sont faits lors des rendez-vous politiques et qui aboutissent à la reconduction quasi automatique des mêmes types de personnels à la tête du pays.

La conclusion que j’en tire est que les Français se satisfont, tant bien que mal, de l’offre qui leur est proposée, dès lors qu’elle ne remet pas en cause fondamentalement leurs acquis, ou les rogne de manière marginale. Et c’est ainsi qu’ils reconduisent avec une régularité d’horloge les mêmes types de majorité, fut-ce en traînant les pieds devant l’isoloir.

Les médias sont-ils responsables de ce qui semble être un formatage ? Sans doute un peu. Mais en vérité pas tant que cela. A cet égard, le référendum sur le projet de Traité Constitutionnel en 2005 a été un puissant révélateur : jamais dans l’histoire politique de la Ve République il n’y avait eu une telle unanimité des grands médias et de leurs éditorialistes vedettes, mais aussi des intellectuels et de quasiment tous les leaders politiques en faveur du OUI. Difficile de faire plus fort en termes de formatage ! Et pourtant, le NON l’a très largement emporté, à la stupéfaction des journalistes qui ont mesuré là les limites de leur pouvoir de conditionnement.

Je pense que nous avons trop tendance à nous voiler la face sur notre lâcheté collective à affronter les défis d’un changement pourtant nécessaire. Et les médias, à la fois complices et moteurs de cette lâcheté, sont de parfaits boucs émissaires.