Bonjour, doctorix
On
raconte beaucoup de choses pour dénigrer les ONG en général, et Amnesty en
particulier. L’association a-t-elle « soutenu
la guerre en Libye" ? J’en doute grandement. Tout au plus
a-t-elle souhaité que des mesures soient prises pour protéger des populations
en grave danger, et notamment parmi ces gens, « les opposants » que Khadafi traitait de « rats » lorsque s’est
levée une opposition à Benghazi.
Dans un article de juin 2011, la journaliste
Céline Lossato citait Donatella Rovera, responsable des situations de crise d’Amnesty
International et présente sur place en Libye :
"On
recense plusieurs sortes de crimes des loyalistes. Les
forces de Kadhafi ont tiré sur des manifestants sans arme durant les premières
semaines".
"Les
populations civiles ont lourdement payé les combats par la suite, notamment à
Ajdabyia, où les gens ont trouvé la mort dans des bombardements en essayant de
quitter la ville".
"A
Misrata, les crimes de guerre des pro-Kadhafi sont clairs. Il y a eu des tirs
totalement sans discrimination sur les civils. Au mois d’avril, les pro-régime
utilisaient des roquettes grad qui ne peuvent être dirigées, avec des tirs par
salve. Les tirs ont eu lieu par centaines, cela pleuvait vraiment de partout"
"Ils
ont aussi utilisé des bombes à fragmentation dans le centre-ville, et des mines
anti-personnel".
Un regard pour le moins négatif sur les forces
de Khadafi. Mais, nous disait alors Céline Losssato, Donatella Rovera contestait également l’image très positive acquise par
les anti-Kadhafi, qu’elle accusait notamment d’avoir déclenché une véritable chasse aux sorcières contre les étrangers en évoquant à
tort la présence dans le pays de mercenaires
étrangers à la solde de Kadhafi.
"Il
y a eu beaucoup d’informations qui ont circulé mais dont on n’a aucune preuve
aujourd’hui. On a parlé par exemple de viols systématiques par les loyalistes,
mais on n’a jamais rencontré un seul témoignage direct, ni nous ni d’autres
organisations. Et bien sûr il y a l’histoire des mercenaires (...) On en a beaucoup
parlé mais on n’a aucune
preuve de cela."
Bref, des constats distanciés et impartiaux
qui,venant d’une des principales dirigeantes de l’ONG, de surcroît en charge du dossier libyen, cadrent mal avec un engagement d’Amnesty au service des forces alliées.