@Céline Ertalif
Merci pour cette remarque.
Avoir évoqué la propriété est un clin d’oeil à Pierre-Joseph Proudhon qu’on prenait plus d’une fois contradictoires alors qu’il disait sagement qu’un certain nombre de notions contiennent des contradictions.
Ainsi, pour prendre un exemple bateau (1), l’image du soleil qui nous réchauffe nous sera sympathique. Or, le soleil peut également brûler la peau, et s’exposer trop fréquemment à lui est dangereux. De cette façon, devons-nous défendre, en soi, l’existence du soleil ? Encore que lui relève d’un phénomène naturel et que nous n’avons pas le « luxe » de nous poser cette question car nous n’avons pas le choix de faire avec ; alors que la propriété, bien sûr, est culturelle.
Je pense qu’on peut faire un raisonnement analogue avec la frontière ; en plus des liens directs qu’elle peut avoir avec la propriété car on peut juger la chose publique, le bien commun, d’un peuple comme une propriété collective. Ainsi, la frontière sera l’un des éléments de garantie de ce bien commun ainsi que de ceux de l’autre côté de la frontière.
Enfin, j’ai bien dit, dans l’article — qui, en vérité, est l’une des parties de mon prochain livre Anarchiste conservateur —, qu’un meilleur découpage peut déboucher sur un meilleur assemblage. Ainsi, il existe bien des points communs entre les diverses choses conçues comme les biens communs — non seulement nationaux mais aussi régionaux et communaux (après tout, « commun » nous ramène à la commune) — qui constituent un bien commun universel. Il est évident, par exemple, qu’un certain nombre de problèmes écologiques concernent l’ensemble des êtres humains de la planète et que doivent être trouvées des solutions à l’échelle mondiale — même si, de préférence (et c’est ma défense du confédéralisme (2)), elles doivent être l’aspiration des citoyens eux-mêmes.
On est ben loin, donc, de devoir « détester les autres » (allusion à une célèbre citation de Romain Gary sur le nationalisme).
(1) Cela me fait penser aux quelques commentateurs plus haut qui ont jugé l’article simpliste. Le ton employé, dans celui-ci, est conscient. J’ai fait exprès d’évoquer des exemples de type la peau ou la maison, afin qu’on n’oublie pas l’essentiel (si certaines choses que j’écris paraissent évidentes, tant mieux donc ! c’est rassurant), que la notion même de frontières ne soit pas trop facilement retournée péjorativement par les gens qui s’en remettraient à l’excès aux dires de ceux que je nomme les « maîtres du langage », soient les néo-sophistes médiatisés, qu’on entend à longueur de journée sur les ondes télés et radios, spécialisés dans la déformation du sens des mots pour fortement nous encourager (phénomène d’endogénéité oblige) à penser « comme il faut ».
(2) J’anticipe à propos des éventuels détracteurs de la pensée confédéraliste. Le confédéralisme, c’est l’inversion de la hiérarchie des pouvoirs politiques actuels. En ceci, qu’il ne peut pas du tout valider, par exemple, les institutions européennes.