Plusieurs
pays de l’Europe de l’Est ont vivement critiqué leurs voisins
occidentaux pour leur intention de coopérer avec Moscou sur la
construction d’un gazoduc contournant l’Ukraine.
Les
premiers ministres ukrainien et slovaque, Arseni Iatseniouk et Robert
Fico, et le président polonais Andrzej Duda ont dénoncé la récente
signature par des sociétés occidentales d’un accord sur la construction
du gazoduc Nord Stream 2, rapporte l’agence Bloomberg.
"Les pays de l’Europe orientale, qui risquent
de perdre des milliards de dollars pour le transit de gaz naturel ont
fustigé l’Europe occidentale pour avoir signé l’accord avec la Russie
sur la pose d’un gazoduc qui va contourner l’Ukraine", indique l’agence.
Le premier ministre Fico a notamment déclaré jeudi, au terme d’une
rencontre avec M.Iatseniouk à Bratislava, que les dirigeants et les
sociétés des pays occidentaux « trahissent » leurs voisins de l’Est.
"Ils nous prennent pour des idiots. On ne peut
pas discuter de la stabilisation de la situation pendant des mois, et
ensuite, prendre une décision qui place l’Ukraine et la Slovaquie dans
une position peu enviable", a-t-il déclaré.
M.Iatseniouk a quant à lui qualifié le projet Nord Stream 2
d’anti-ukrainien et anti-européen, car selon lui, la construction du
pipeline privera Kiev de la possibilité de transporter du gaz vers l’UE
et lui fera perdre 2 milliards de dollars.
Le président polonais Andrzej Duda estime pour sa part que ce projet
gazier « néglige complètement » les intérêts de la Pologne et porte
atteinte à l’unité européenne.
Le groupe gazier russe Gazprom a signé le 4 septembre un accord sur
la mise en place d’une coentreprise internationale qui construira le
gazoduc Nord Stream 2. Outre Gazprom (51%), la nouvelle coentreprise,
New European Pipeline AG, réunit les allemands E.ON et BASF via sa
filiale Wintershall, l’anglo-néerlandais Royal Dutch Shell, l’autrichien
OMV (10% chacun), ainsi que le français Engie (ex-GDF Suez, 9%).
Le projet Nord Stream 2 prévoit la pose de deux nouvelles conduites
d’une capacité totale de 55 milliards de m³ par an, reliant la Russie à
l’Allemagne sous la mer Baltique.
D’après Bloomberg, Nord Stream 2 sera mis en service d’ici 2019, date
d’expiration de l’accord russo-ukrainien de transit de gaz.