@Pierre Perrin
Un grand merci pour ce commentaire constructif.
Les grands poètes chrétiens du 20e siècle sont nombreux, mais méconnus - comme la plupart des grands poètes récents, à vrai dire. Quelques noms jetés sans ordre : Xavier Grall, Christian Bobin, Gilles Baudy, Marie-Pascale Jégou, Jean Lavoué, Patrice de La Tour du Pin, Marie Noël, Jean-Claude Renard, Max Jacob, Charles Le Quintrec, Claude-Henri Rocquet... (Bien sûr, chrétien ne veut pas dire catho réglo, mais porté par la rencontre avec le Christ.)
Quant à Baudelaire, il est mort avec les sacrements. Je ne parviens pas à croire qu’un esprit aussi libre, aussi fort, ait seulement plié aux usages de son temps en arrivant au terme de sa vie. La citation que vous donnez ne le contredit pas : les plus grands saints ont cru qu’ils pouvaient être damnés, et qu’ils n’étaient rachetés que par miséricorde.
Pour être précis, la vision du monde de Baudelaire est façonnée par De Maistre, notamment l’« Élévation sur les sacrifices ». C’est une pensée profondément chrétienne (d’où les poèmes Réversibilité et Correspondances), avec une fascination morbide pour le péché. Barbey d’Aurevilly, dans la recension initiale qu’il avait faite des « Fleurs du mal », l’avait tout de suite saisi, comme il a compris plus tard que Huysmans, avec son « À Rebours », allait droit vers le Christ. Bref, Baudelaire était chrétien, et se comprend comme tel, sauf à passer à côté de son fonds moral.