En matière de création littéraire et de brillante jactance,
je ne puis que vous renvoyer vos compliments : je me suis régalé.
Vous avez réussi avec humour à donner vie à un astre
éteint : la Morano non seulement grande mais bête gueule que l’hémicycle
national a réussi à refiler au parlement européen, juste reflet du déclin de notre civilisation et symbole de notre indignité.
Dans le vide sidéral de la pensée, la Morano occupe une
place à part où le psittacisme tient lieu d’architecture.
Elle n’est sûrement pas Madame Sans-gène qui fut
experte en joutes verbales et sut faire passer des vérités avec une candeur
feinte dont on ne lui tint jamais rigueur mais Morano, c’est autre chose : elle
ratisse le caniveau et il serait étonnant que le balai qu’elle tient à la main lui valût les honneurs de l’histoire.
Il faut voir les étoiles s’allumer dans ses yeux quand
elle débite des énormités en salves soutenues : sa notion du bonheur est simple, simplissime même, sa
bêtise a la profondeur que n’ont pas ses pensées.
Comme un chien un peu benêt qui s’acharne sur son os, la
Morano s’est trouvé une mission, je dirais même qu’elle s’est trouvée telle
qu’en elle même.
De son insipidité elle tire parti pour la transformer en
maligneries, ce qui est en soi l’exploitation d’un don : elle doit plaire aux
distraits, aux scrongneugneux, aux cataleptiques de la pensée, aux amateurs
fatigués de calenmbredaines, aux fielleux de tous acabits, aux pleutres qui
confondent leur ombre avec le loup-garou, elle est experte en marmelade,
aux éternels contrits ictéreux elle offre le baume apaisant de la haine,
elle se trémousse entre verres de pastis et gros rouge qui tache, son discours
est une resucée de clichés ; dans sa bouche tout est terne, empuanti par un opportunisme
de harengère affalée sur son étal.. ;
Seul le ridicule de sa personnalité est élevé : elle est comme ces grotesques
ornant des villas romaines. Sauf que l’étrangeté de ses galimatias visant à créer
l’angoisse ne devrait susciter que moqueries et dérisions.
Elle assaisonne les plats dont se repaît le FN et fait
mijoter la soupe à la grimace qui restera sur l’estomac de ses « camarades » de parti.