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Commentaire de bakerstreet

sur Avis d'un gendarme. Aylan, l'enfant noyé


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bakerstreet bakerstreet 9 octobre 2015 20:20

@francesca2
 Une photo m’a toujours paru à certains moment bien plus forte que bien des propos, et même des reportages. Pourquoi ? Parce qu’elle ramène l’essentiel, en une illustration violente, un raccourci fulgurant. Elle brouille nos défenses, et qu’on sait déjà d’une affaire, pour nous ramener ce qu’il y a de plus fondamental, et qu’on avait oublié, ou mis à distance.... La politique. J’entend bien qu’elle a sa place, mais en son nom on se sert de Machiavel et on place l’intérêt de l’humain derrière le reste, C’est ce qu’on appellera les grands enjeux. Au nom des grands enjeux, les américains par exemple ont fait la guerre au vietnam....Moi je me souviens de cette époque, où les journaux nous parlaient de B52 qui larguaient leurs bombes, et du napalm dont on voyait parfois le largage, au dessus de la jungle. C’est pas ça qui nous empêchait de manger. Par contre il y eut cette photo, dont même Macmanara, un faucon de Washington, avoua qu’il ne s’en était difficilement remis, et qui eut un effet extraordinaire sur l’opinion. 

« La fille de la photo » sort du cliché - Le Monde
J’ai fait beaucoup de photos moi même, en labo à l’époque de l’argentique. Je sais très bien à quoi tient la qualité d’une photo, et son pouvoir de manipulation. Mais la qualité d’un artiste, c’est justement cela, manipuler, amener l’admiration, ou la compassion, la révolte. Des manipulations il en est d’ignobles, il en est d’autres de souhaitables, et de bienvenues. Quand elles peuvent faire electrochoc et susciter un mouvement de révolte, comme a pu le faire cette photo, tant mieux. Bien sûr, tous les jours, chaque heure, chaque minute, c’est un scandale nouveau. On deviendrait fou à force s’émouvoir. Mais il en est sur lesquelles on ne peut difficilement faire quelque chose : Les cancers, les incendies. 
Sur d’autres, on peut en s’en servant faire fléchir lentement un mouvement mortifère, alerter l’opinion...Des journalistes, les meilleurs risquent leur vie, pour espérer agir sur l’opinion, pendant que d’autres se contentent de couvrir rolland garros.. Des photos qui ont mis mal les assassins, ou leurs descendants, et qui ont date, je pourrais vous en trouver une bonne douzaine qui ont fait la une. Peut être étaient elles arrangées. Mais je n’aime pas dire les choses ainsi, car cadrer une photo, un angle c’est déjà donner une opinion, orienter. Nous en revenons donc à cette manipulation
Il faudrait se demander pourquoi donc cette photo continue à nous déranger, à telle point que comme une bombe, arrivée sur le rivage, nous voulons la désamorcer. 
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