@alinea
Pour avoir travaillé dans le domaine médical, je sais que malheureusement, un titre de médecin n’empêche pas de sombrer dans la mégalomanie, bien au contraire. D’autant plus que les malades et les névrosés sont sous dépendance psychologique, comme sous l’autorité d’un père, et encouragent la fatuité. Le docteur Mabuse n’est pas qu’un mythe. Je n’ai pas replongé aux sources d’une certaine aversion que j’ai pour Reich, et bien sûr elle est partisane, émotionnelle, sujette à des fluctuations qui sont liées à des ressentis anciens, comme le dit Salvador au sujet de Poutine. Comme un fleuve, certains livres se renouvellent sans cesse au fur et à mesure de la vie. Reich, comme Marcuse, ou comme d’autres illuminés comme Castaneda, eurent toute une cour de disciples buvant leurs paroles comme du petit lait, alors qu’eux se débattaient avec la réalité, pour accoucher aux forceps d’une nouvelle explication du monde.
Pendant longtemps le fameux refoulement de la sexualité expliquait toutes les névroses, et chez Reich le cancer, était une force pathologique liée au refoulement, ne pouvant s’exprimer par la barrière heureuse du coït qui rétablissait la mécanique des fluides .....( Combien de patients sont morts ont arrêté leur traitement pour avoir cru à ces fadaises d’orgone ?....)
« Si tu baises pas, c’est que t’as une problème », vous murmurait à l’oreille tous un tas de niquards dans les années 70....Chacun vous sortait son petit Reich, « c’est génial »et ses « libres enfants de Summerhill », autre livre culte d’un auteur dont j’ai oublié le nom.
Quantité de gens ont eu envie inconsciente à toutes époques, de faire partie des élus, d’être en dépendance interactive autour des livres du « maître »abdiquant, ce refus de penser par soi même, de passer les choses au crible du doute, de s’en remettre à leur intuition....Et toute cette folie se potentialise parfois, jusqu’au mouvement sectaire. La psychologie n’est pas une science exacte, mais pourtant quantité de types empruntent dans sa terminologie, pour vous garantir qu’elle est infaillible, alors qu’elle n’exprime parfois que des vues fumeuses, et personnelles, très relatives au temps et à l’époque. Et dont on sait très bien, avec le temps, le recul et les témoignages, qu’elles furent entachés d’erreurs, d’omissions volontaires, de soustractions, afin de rentrer dans la boite qu’on avait choisi.
Car souvent l’étude doit valider à tout prix « l’intuition », de ces pseudo scientifiques, qui revendiquent bien sûr, la dénomination, tout en n’en ayant pas la démarche rigoureuse....Il n’y a pas que les statues de Lenine et de staline que se lézardent. Combien de nouveaux témoignages nous ont révélé que même Freud était un humain comme les autres, falsifiant ses travaux quand les conclusions n’étaient pas celles qu’il souhaitait.
Je ne remet bien sûr pas en cause son fondement, et cette tentative de comprendre et de soulager les autres, en tendant la main, en ne jugeant pas. Mais en ne confondant pas non plus empathie et compassion, car alors on rentre dans le religieux. Un psychopathe toujours à l’affût.
En tout cas, pour en revenir au petit homme, je ne rangerais pas Reich parmi les grands hommes. C’est que ceux ci la plupart du temps ne veulent pas le devenir, trouvent la notion détestable et stupide, en raison que comme le QI, toute hiérarchisation est stupide, et oublie des strates d’intelligence en rapport avec un terrain.
Derrière le petit homme, se cache l’exclusion et le rejet. C’est pour cela que je préfère de loin les grands romanciers, qui bien que ne voulant pas délivrer de vérités intangibles font œuvres d’intelligence et d’empathie, et nous ouvrent au monde de l’intangible, en oubliant pas le réel. Mais les circonscrire est impossible, c’est ce qui fait leur profondeur et leur intérêt.