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Commentaire de Trelawney

sur Les Palestiniens se battent pour leur vie, Israël se bat pour l'occupation


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Trelawney 14 octobre 2015 17:57

En complément à ce très bel article, mon compte rendu de voyage fin septembre à Israël.

Le 12 juin, trois jeunes israéliens font du stop sur une route proche de Bethléem en Cisjordanie. Ils sont enlevés par des palestiniens. Pour retrouver ces trois jeunes, Israël déploie les grands moyens, avec plus de 7 000 soldats qui passent la Cisjordanie au peigne fin. Plus de 400 Palestiniens sont arrêtés. Les corps retrouvés des 3 jeunes sont retrouvés le 30 juin et le Hamas est mis en cause. Au bout d’une semaine, l’enquête finit par identifier deux suspects, des militants du Hamas résidant à Hébron, et vus pour la dernière fois quelques heures avant l’enlèvement. Israël réagit en démolissant les maisons des familles des deux suspects.

Dans la nuit du 1er au 2 juillet, dans une banlieue de Jérusalem, un Palestinien de 16 ans, Mohamad Abou Hdeir, est enlevé et tué par des membres d’une organisation juive ultranationaliste en représailles à l’assassinat en juin de trois jeunes Israéliens. Une dizaine de suspects sont arrêtés et 3 d’entre eux finissent pas avouer. Le 4 juillet, Tarik Abou Khdeir, 15 ans, un cousin de la victime, est tabassé en pleine rue, à coups de poings et de pieds dans le visage, par des officiers de police israéliens au visage masqué. Une vidéo de l’agression circule sur internet

 

https://www.youtube.com/watch?v=JhFa_kgB1cc#t=49

 

Le 26 juillet un petit millier de  jeunes colons juifs rassemblés devant le Mur des Lamentations tentent de venir prier aux abords de l’Esplanade. Des échauffourées éclatent avec des jeunes palestiniens. Vu le nombre de colons, les palestiniens se retranchent dans la mosquée Al-Aqsa, troisième lieu saint de l’islam. Ce qui ne s’était jamais vu jusqu’alors se produit : les policiers israéliens investissent la mosquée pour déloger les palestiniens et y commettent quelques dégradations.

Le 31 juillet quatre colons israéliens mettent le feu à une des maisons situées à l’entrée d’un village palestinien près de Naplouse en Cisjordanie palestinien et inscrivent des slogans sur un mur avant de s’enfuir en direction d’une colonie voisine. L’incendie fait 2 morts le père et un enfant de 1 an et brule grièvement la mère et une fille de 4 ans. Benyamin Netanyahou souligne qu’il a donné ordre aux "forces de sécurité d’utiliser tous les moyens à leur disposition pour arrêter les meurtriers et les traduire en justice ». A aujourd’hui ils courent toujours. En fait ils ne courent pas, ils sont toujours dans la colonie voisine.

Fin septembre et dans ce climat plutôt tendu, je décide de ne pas annuler mon voyage et je prends l’avion pour Tel Aviv.  J’ai prévu d’aller voir mes amis à Jérusalem, de faire un tour à Tel Aviv, visiter la mer morte et faire de la plongée à Eilat. Ça ne va pas être possible, car la première impression dès qu’on pose le sol à tel Aviv est qu’Israël est une prison à ciel ouvert. De plus c’est une prison avec des quartiers. Pour aller jusqu’à Jérusalem ça va encore, mais la police israélienne me dit que pour la mer morte ça ne va pas être possible quant à Eilat, ils me rient au nez. Me voilà donc réduit à voir mes amis à Jérusalem puis à zoner à Tel Aviv. A Jérusalem ca déjà plus la même ambiance. Il y a des blocs de béton qui bloquent certaines rue, Des policiers sont en combinaisons vertes avec aucun signe distinctif sur eux, alors que d’autre sont équipés avec casque et gilet par balle, comme pour aller à la guerre. Je vais chez mon ami palestiniens qui tient un bar pas très loin de l’esplanade, mais qui à préférer le fermer, vu la conjoncture. Ce soir nous devons être rejoints par nos amis israéliens. Nous sommes amis depuis longue date et ce n’est pas les événements actuels qui changeront quoique ce soit. Bilal, le fils de mon ami palestinien me salut. Il sent mauvais une vraie infection. Je demande depuis quand il ne s’est pas lavait. Il regarde deux policiers dans la rue et me dit en s’adressant à eux : « C’est de la faute de ces connards. Il m’ont balancé une bombe à merde ». En fait quand les palestiniens manifestent, les policiers israéliens les gazent avec un produit odorant qui ne part pas au lavage. Comme cela dès que dans la rue ils croisent un jeune qui sent le caca. Il a droit à un tabassage en règle quand ce n’est pas pire. Les petits jeunes palestiniens sont des rats pris dans la souricière israélienne. Mes amis israéliens arrivent en reniflant Bilal ils éclatent de rire. « Te voilà condamné à rester chez toi pour au moins un mois » disent-il en cœur. Bilal qui n’est pas dénué d’humour leur répond tout en fixant les deux policiers « Tant que ce n’est pas du Ziclon B ça va ». Mon ami rigole et lui répond « pas faux ». Les 2 policiers ne le quittent pas des yeux. Il vient de se faire deux nouveaux copains mais il s’enfiche. Cela se passe comme cela à Jérusalem où le concept même de la paix est déjà une injure ; les policiers de sont pas là pour la protection des palestiniens et pour un palestinien, un policier de mort c’est toujours ça de pris.

On est contant de ce voir on discute de tout et tout deux finissent par me dire que la vie ici est très dur, qu’ils regrettent les accords d’Oslo, parce qu’avant Israël occupait toute la région, mais au moins ils pouvaient circuler, tandis que maintenant chacun est cantonné dans son secteur, les murs poussent partout et l’économie s’en ressent. Mes amis israéliens qui n’ont plus leurs enfants (ils vivent tous les deux en Australie) finissent par me dire que dans ce pays il n’y a plus d’avenir. On s’est tous promis de se retrouver chez moi en France et j’ai entamé des démarches pour que Bilal termine ses études en France. Ça ne va pas être simple, mais ça devrait le faire puisqu’il habitera chez moi pendant ce temps. On se quitte et me voilà parti pour Tel Aviv. C’est une ville occidental très dynamique et très moderne. Il fait bon je vais à la plage. C’est assez étrange de se baigner à coté de jeunes garçons et filles habillés en militaire fusil uzi en bandoulière. Ils font des périodes et sont en alerte. Ils profitent du beau temps pour se détendre à la plage. Il y a aussi un soldat français de l’ONU en permission. La conversation s‘engage. Je dis au français que j’ai fait 2 ans casque bleu au Liban en 81. Je lui parle de l’OLP qu’on avait emmenée à Chypre et en Tunisie, de Drakkar et tout et tout. Je lui demande ce qu’il fait encore là et suis surpris qu’il y ait encore un contingent de l’ONU au Liban. Il me raconte qu’il surveille la frontière et compte le survol de l’aviation israélienne. Ce qui fait beaucoup rire les soldats israéliens. Normalement une directive de l’ONU interdit à l’armée israélienne de survoler le Liban. Niveau comptage ils en sont à plus de cinquante survols et souvent en raz motte par jour. Visiblement la communauté internationale s’en fiche. De toute façon Israël ne respecte aucune règle. C’est comme ça depuis le début. Je discute avec les soldats et leur demande s’ils sont contents d’être ici. Ils me répondent « qu’à Tel Aviv c’est cool, qu’ils sortent le soir, que c’est moins stressant qu’ailleurs et ils en ragent d’être encore en alerte à cause de ses connards de Jérusalem ». Je leur demande « pourquoi ils en veulent autant aux palestiniens ». Un silence puis ils me répondent « non les connards d’orthodoxes ». Je suis étonnais je leurs répond « vous ne les portez pas trop dans votre cœur »Ils soufflent et me répondent désabusé : » C’est types là ils foutent rien. Ils ne paient pas d’impôts. Ils font des gosses à tour de bras et quand l’un d’eux occupe une maison palestinienne à Jérusalem ou ailleurs, il faut 20 soldats pour le protéger et c’est nous qu’on colle ». Les jeunes sont désabusés, je leur explique que c’est pareil partout, mais qu’ici avec le climat ambiant on a vite fait de devenir parano. Je leur demande un peu naïf « pourquoi ne pas vous expliquer une fois pour toute avec les palestinien ? ». Ils rigolent et disent : « Avant peut être que ça aurait pu être possible, mais maintenant les palestiniens de Jérusalem n’aiment pas ceux de Gaza, et ceux de Gaza détestent ceux de Jérusalem, la jeunesse israélienne n’aiment les orthodoxes qui leurs rendent bien.  Ici personne n’aiment personne et faut cohabiter » je leur explique que j’ai passé une soirée à Jérusalem avec des amis israéliens et palestinien. Il me regarde comme si j’étais un martiens et me répondent « C’est la génération avant Oslo. Ils se foutaient sur la gueule mais arrivaient encore à vivre ensemble. Depuis Oslo tout a changé ».

Finalement ils sont d’accord sur une chose : Oslo c’était une belle connerie


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