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Commentaire de Nycolas

sur Le sens de la fin du liquide et des chèques


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Nycolas 19 octobre 2015 14:07

« En fait, même si les arguments sur la lutte contre la fraude sont recevables, il s’agit d’un recul du service public de l’argent. »

Que l’on dénonce la destruction du service public en ce moment est intéressant et salutaire, dans la mesure où la destruction de ce service public est dans l’intérêt suprême des industries, organisations et lobbies néolibéraux qui grignotent constamment un peu plus de terrain dans le monde.

A l’opposé, cela n’est pas du tout dans l’intérêt des populations qui sont chaque jour un peu plus dépossédées de manière général. Rappelons-le, ces services publics que l’on dit coûteux, inutiles, inefficaces et dépassés, comme si le néolibéralisme avait réellement mieux à proposer en remplacement, sont des possessions du peuple. Cela contribue donc à l’appauvrissement général des populations, en terme de moyens. On le voit aussi aujourd’hui avec l’article portant sur les cabines téléphoniques, où l’on trouve évidemment et anecdotiquement des gens sur lesquels le lavage de cerveau a été si bien effectué qu’ils en défendent leur cambrioleur.

Contrairement à ce que l’on croit, défendre la notion de services publics n’est pas le fruit d’une idéologie de gauche totalement anachronique. Les services publics ne sont ni de gauche ni de droite, il ne s’agit pas d’une question politique transversale, mais bien d’un mouvement de société vertical qui agit en suçant tout le sang de la population pour le transférer vers le haut, en direction d’une élite financière qui manipule la politique et n’agit perpétuellement qu’en fonction de ses intérêts à court terme. C’est une autre des formes du parasitisme de l’élite envers les populations, que l’on traduit fallacieusement dans un discours libéralisme/droite versus socialisme/gauche dans le but non-avoué de réduire à l’impuissance toutes les politiques, alors même que la droite, dont les valeurs sont plutôt dans le conservatisme, a été corrompue et convertie par le libéralisme qui n’a en vérité aucune couleur politique, tandis que la gauche a été toute entière discréditée par cette fausse dichotomie qui l’a dépossédée de tout son pouvoir politique et en vérité, de tout son sens politique en lui ôtant jusqu’à la possibilité de faire valoir ses idées.

En effet, puisque les principes démocratiques ont depuis longtemps été trahis et laissés sur le carreau - s’ils ont jamais un jour existé dans les faits - on assiste désormais à un mouvement général de cambriolage légal et permanent des plus pauvres par les plus riches, le transfert des moyens et des richesses ne s’effectuant plus que du bas vers le haut, tandis que les médias masquent ce phénomène par la mise en scène permanente de faux débats droite/gauche qui déchirent les gens, suscitent l’abstentionnisme, le raz-le-bol et l’extension de la soumission du peuple par l’usure et la lassitude. C’est à dire qu’on occupe l’esprit des gens avec cette fausse dichotomie pour les détourner d’un fait bien plus profond mais plus discret, qui se déroule dans l’ombre de l’arrière-plan.

En vérité, la politique est morte et enterrée depuis longtemps, dans la mesure où tous les grands mouvements de société qui se déroulent aujourd’hui relèvent non pas de délibérations politiques sur les idéaux qui doivent gouverner notre société et comment les mener, mais bien au contraire d’un diktat universellement non discuté de la fuite en avant vers le néo-libéralisme, dont les seules nuances sont de l’ordre de « comment faire plus de néolibéralisme plus vite et plus intensément tout en camouflant nos intentions en abreuvant la masse de faux-débats ? ». Il n’y a plus de politique puisque le monde s’est uniformisé derrière cette question et que tout ce à quoi l’on assiste n’est que symptôme de ce raz-de-marée idéologique qui dévaste le monde et ses populations.

Les gens se désintéressent de la politique car ils commencent à sentir qu’il n’y a par cette voie aucune prise à obtenir sur le monde, et c’est un premier pas. Mais ils continuent de se jeter à corps perdu dans ces faux débats qu’on leur impose, et ne saisissent pas jusqu’à quel point la bataille est perdue tant que l’énergie n’est mise que dans cette caisse de résonance du pouvoir en place qu’est devenue la sphère politique actuelle, toute acquise aux causes des lobbies divers.

Je vois les gens se précipiter sur les pétitions, croyant faire ainsi une forme de lobbying efficace. Réalisent-ils, là aussi, qu’aucun lobbying populaire de cette forme ne peut lutter contre le lobbying industriel et financier, dont les moyens et l’efficacité sont de loin supérieurs ?

Ce n’est pas ainsi qu’on y arrivera.

Dans les années qui viennent ces faits divers dus à la criminalité en col blanc continueront de se multiplier devant un peuple aux bras ballants, parmi lequel on en trouvera encore pour dire, lorsque des caméras seront installées dans leur chambre à coucher pour vérifier qu’ils pratiquent bien selon les positions orthodoxes imposées par les psychiatres de l’élite, que cela est parfaitement normal, que c’est la marche du temps en avant, et que ceux qui trouvent à redire sont décidément des gauchistes perdus dans le passé. Ou pire, des anarchistes et des dissidents dangereux qu’il conviendrait d’interner de manière permanente dans les centres de rétention du nouveau gouvernement mondial de la finance internationale, où leur réapprendra à devenir des consommateurs dociles et sans esprit critique.


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