La notion de puissance pour un état peut se décliner de plusieurs manières : économique, financière, militaire, diplomatique, scientifique, technologique, culturelle...
Une grande puissance est généralement une conjonction de ces différents facteurs qui font synergie.
La taille du pays et son nombre d’habitants n’entrent pas en ligne de compte. L’Espagne et le Portugal qui sont de grandes puissances occidentales aux XV et XVIè siècles ne sont ni les plus vastes ni les plus peuplés. Même chose pour les Provinces-Unies du XVIIè ou l’Angleterre du XVIIIè. L’Inde et la Chine ne pesaient rien il y a encore peu.
Il existe aujourd’hui de grandes puissances régionales : la Chine, l’Inde, le Brésil, l’Afrique du Sud, le Nigéria, l’Indonésie, l’Arabie Saoudite, l’UE et d’autres.
Il y a encore une super puissance avec les USA dont le pouvoir se mesure entre autres à l’omniprésence du softpower.
Où se place la Russie ?
La Russie des tsars était une puissance européenne aux XVIIIè et XIXè siècles.
L’URSS était une super puissance, pas d’un point de vue économique mais militaire (secteur qui engloutissait l’essentiel des richesses créées) et idéologique. Le softpower soviétique a pris la forme à l’extérieur de la culture communiste très présente en Europe et particulièrement en France. De plus l’URSS disposait d’un empire (le glacis soviétique) et d’un poids diplomatique énorme.
Sa disparition accompagne celle l’idéologie marxiste-léniniste dans le monde.
La Russie d’aujourd’hui est redevenue une grande puissance régionale. Elle pratique une politique historiquement habituelle : contrôle des marges, soutien aux alliés historiques (serbes par exemple), soutien aux alliés proches (Syrie par exemple), cordialité méfiante envers les asiatiques et la Chine en particulier, nationalisme pointilleux à usage interne, anti-occidentalisme à géométrie variable.
Cela suffit à ravir l’extrême-droite européenne qui voit dans la Russie de Poutine le contre modèle idéal à la démocratie libérale portée par l’Europe et les USA.
Ils risquent de déchanter car si la Russie dispose encore d’une place diplomatique (un siège au conseil
de sécurité) et militaire (un complexe militaro-industriel conséquent), elle pèse peu par ailleurs ( un PIB par habitant inférieur à 13000 $ en 2014 et annoncé en chute libre pour 2015 autour de 8000 à comparer aux 54000 américains et 44000 français...)
En somme, la Russie de Poutine n’a ni les moyens matériels et encore moins idéologiques de rivaliser avec l’ex URSS. Ce pragmatique le sait sans aucun doute, il se contente de jouer une petite partition qui navigue entre le nationalisme impérialiste qui fera peut-être avaler la pilule de la récession à sa population et la prudence qui commande de ne pas aller trop loin face aux occidentaux.
Mais il y a toujours le risque d’une fuite en avant.