Sacré Dugué.
« La vengeance est pour
Nietzsche le ressentiment de la volonté contre le Temps. Ce qui veut
dire maintenant : la vengeance est le ressentiment de la volonté contre
le passer et son passé, contre le temps et son « il était ». Le
ressentiment ne vas pas contre le pur et simple passé, mais contre le
passer en tant qu’il ne laisse plus être le passé que comme passé, qu’il
le laisse ainsi se pétrifier dans la rigidité du définitif. Le
ressentiment de la vengeance va contre le temps, en tant que celui-ci
réduit tout au « il était », et qu’il laisse ainsi s’en aller le
« aller ». Le ressentiment de la vengeance ne va pas contre le pur et
simple « aller » dans le temps, mais contre le fait qu’il laisse s’en
aller le « aller » dans le passé – contre le « il était ». A cet « il
était », le ressentiment de la vengeance demeure enchaîné ; de même
d’ailleurs que dans toute haine se cache la dépendance la plus
insondable à l’égard de ce dont elle voudrait au fond constamment se
rendre indépendante, ce qu’elle ne peut pourtant jamais faire et qu’elle
peut toujours d’autant moins qu’elle hait davantage ». [Heidegger, Cours du semestre d’hiver 1951-1952 in Qu’appelle-t-on penser]
Les choses sont simples : c’est la débâcle, la débandade généralisée. Il y a une éclipse de l’esprit, nulle idée nouvelle, nul espoir. Une sorte de fatalité, sur laquelle nul n’a de prise, que nous ne sommes pas même capables de comprendre, mène le monde. Dans cette destruction généralisée, ces mrdames ne trouvent rien de mieux que de s’accuser les uns les autres, trouver des bouc-émissaires, des petites causes simplistes. Leur rhétorique tient en un point : ’ça a déraillé à tel moment, par la faute de’. Le mot important ici est : ’dérailler’. Ne te méprends pas, Dugué, tout ceci n’est encore qu’un tour de passe passe du Moi pour se figurer qu’il a encore un quelconque pouvoir, alors que ce pouvoir se résume à la jactance, comme l’enfant qui chante dans le noir pour se rassurer.