Helios en
détaillant les événements qui ont déclenché la guerre du
Pacifique souhaite démontrer que le passage aux actions armées ne
relève pas de la responsabilité du Chili, mais du non respect par
les Boliviens des accords de taxation de l’exportation de minéraux.
Il veut faire croire que l’occupation du port d’Antofagasta par 300
soldats chiliens n’est somme toute pas une agression, d’autant plus
que, selon lui, les Chiliens sont « tres doux qui deteste en
général le recours a la force ». Notre commentateur, qui
ignore la notion de souveraineté nationale, essaie par cette
pirouette de prouver que le Chili a subi la guerre. D’ailleurs
n’affirmait-il pas dans son premier message que « ce fut une
guerre imposée par l’alliance du Pérou et de la Bolivie »
ou encore que « le Perou et la Bolivie prirent la
responsabilité d’une guerre en considérant leur forces armées plus
nombreuses et plus fortes ». Une interprétation de l’histoire
qui me semble aller à l’encontre des faits et me fait penser à
cette curieuse façon d’agir qui consiste à faire porter la
responsabilité au pays agressé, technique très utilisée dans
l’histoire, notamment à l’époque des guerres coloniales. L’exemple
le plus parlant et le plus ignoble reste la guerre de l’opium imposée
par Londres à la Chine en 1839.
C’est également
faux de dire que « le Chili occupait déja de fait la région
d’antofagasta » sous prétexte qu’une majorité de Chiliens y
travaillaient. Les cartes et les traités de l’époque situent la
frontière sur le parallèle 24 sud.
L’auteur affirme
que c’est un trait de caractère chilien - « un peuple
tres doux »- qui a permis à Pinochet de contrôler facilement
le pays. Le général Pinochet, sans doute un Chilien très « doux »
lui aussi ? Rappelons qu’il a fait bombarder le palais
présidentiel pour vaincre une poignée de civils armés de fusils
qui défendaient leur Président, fait fusiller et disparaître plus
de 3 000 personnes (hommes, femmes, enfants confondus), en a fait
emprisonner et torturer plus de 35 000 autres (rapport Valech), a
forcé à l’exil des centaines de milliers de citoyens, a volé
l’État et les biens des persécutés, etc.
Ensuite, il fait
une série d’affirmations fausses sur la guerre du Pacifique.
Voyons :
« le Chili a
commencé par perdre des batailles ». Faux : la seule
bataille terrestre vraiment perdue par les Chiliens au début de la
guerre fut celle de Tarapacá le 27 novembre 1879.
« les
Peruviens abandonerent rapidement car leur population n’avait pas
vraiment envie de se battre ». Faux également, et à
considérer comme une déformation des faits, voire une insulte au
peuple péruvien. Ce furent les Boliviens qui, après la bataille de
Tacna en mai 1880, ne participèrent plus à aucune action car la
guerre s’est poursuivie exclusivement sur le territoire péruvien.
Lima fut occupée le 17 janvier 1881 après de nombreuses et
meurtrières batailles telles que Miraflores et Chorillo. La
résistance des plus démunis et des Indiens, dans les montagnes de
la cordillère, va perdurer trois années et connaître de nombreuses
victoires (ex : la bataille de la Concepción).
Concernant
l’Argentine, Helios ne craint pas de changer de version dans son
analyse. Tout d’abord, « les argentins en profitèrent pour attaquer
au sud et s’emparer de grand morceau de Patagonie ». Ensuite,
les Chiliens ont de nouveau été « bonne pâte » en
signant un traité basé sur la ligne de partage des eaux. Curieuse
façon d’expliquer les questions de politique internationale.
Sur le fait divers
relatif au trafic de voitures qualifié de délire :
contrairement à ce qu’affirme Helios, les autorités boliviennes
luttent contre le trafic, d’où mon exemple.
Sur la corruption
au Chili, il affirme que « Contrairement a ce qui est écrit
les « affaires » sont permanentes et touchent tous les partis ».
Effectivement, actuellement, il n’y a pas une semaine, sans qu’une
affaire de corruption ou collusion -pour fausser la concurrence-,
entre patrons et politiques de droite ne soit dévoilée. Dernière
affaire en date : la collusion des industriels du papier et de
l’alimentation. Mais les affaires ne touchent pas tous les partis
comme veulent le faire croire les élus de droite et leurs partisans,
parce que cette pratique concerne essentiellement la droite et les
grands groupes économiques qui les financent. Le groupe
parlementaire PC-IC (parti communiste-gauche citoyenne) n’est
nullement impliqué dans ce type d’affaires, même si une campagne de
dénigrement a commencé (voir les accusations mensongères de
malversation portées contre ARCIS ou les mensonges sur des
financements illégaux de campagne électorale).
Concernant la
situation chilienne. Pour en finir avec les « impressions »,
quelques données objectives à consulter.
Les tableaux
comparatifs de l’indice de Gini :
1) Des membres de
l’OCDE où le Chili présente l’indice le plus élevé, c’est-à-dire
la distribution des richesses la plus inégale :
http://www.emol.com/especiales/2015/economia/desigualdad/graficos.asp
2) Au niveau
mondial dans lequel le Chili se situe en position 141 sur 160,
tandis que les pays de la zone euro sont positionnés au dessus de la
25ème place :
https://es.wikipedia.org/wiki/Anexo:Pa%C3%ADses_por_igualdad_de_ingreso
J.C. Cartagena.