Effectivement la punition arrive et pas que pour Daech.
Les fameux accords
Syke-Picot destinés à se partager les dépouilles de l’empire
ottoman en redessinant arbitrairement des frontières sans aucune
considération pour les sous-ensembles humains de l’époque
ont semé ainsi les ferments de ce que Daech, même dans l’hypothèse
de sa défaite, devrait réussir à initier : le remodelage du
Moyen-Orient sur des bases ethnico-religieuses donc plus
rationnelles.
On peut considérer la chose paradoxale car produite
par une nébuleuse dont la chair à canon est portée par toute
une série de motivations fantasmagoriques dont aucune n’a, par
définition, un rapport même lointain avec la raison et qui est
instrumentalisée probablement par des intérêts qui qui ne sont pas
nécessairement ceux qui apparaissent à première vue. Il y a un
pays au Moyen-Orient, la seule démocratie paraît-il, qui dispose
des plus puissants relais financiers mondiaux donc politiques et qui ne peut
bâtir sa légitimité que sur le chaos qui l’entoure et qu’il
contribue à entretenir.
Dans ce remodelage,
les lointains initiateurs du cauchemar actuels, la France et la
Grande Bretagne sont sur la touche et ce ne sont pas les palinodies
de Fabius, les gesticulations de Sarkozy ou la faconde roublarde de Hollande
qui les remettront au centre du jeu.
La Russie – qui
n’a jamais abandonné ses ambitions méditerranéennes sauf pendant
le calamiteux intermède eltsinien dont elle commence seulement
à évacuer les effets délétères – a saisi la lucarne
d’opportunité qui s’ouvrait à elle avec les hésitations
occidentales qui n’ont pas su opérer à temps le choix qui s’imposait : plutôt Assad que l’anarchie.
En l’occurrence et
bien qu’elle fût contre l’expédition franco-britannique en Libye
pilotée par le génie militaire de l’agité de Neuilly, la Russie
doit remercier le chaos importé dans ce pays par de brillants
stratèges car il a non seulement inhibé les capacités d’intervention
européennes en Syrie mais rend vaines toutes leurs gesticulations
pathétiques pour la galerie. La pusillanimité des uns a préparé le retour des autres
Les Français sont
sans doute encore les seuls à s’écouter parler quand ils
continuent à vouloir la démission d’Assad, partout ailleurs le
principe de réalité s’impose aux états d’âme : la Russie et
l’Iran ont imposé leur retour au centre du jeu.