@Jean-François Dedieu
Vous avez raison, ce livre n’a qu’un intérêt que dans le sens où l’on possède d’autres sources. Reste que si personne ne l’a voulait, tout le monde y avait un peu intérêt, et ce titre « les somnanbules », est bien choisi. Zweig, dans « le monde d’hier », parle bien de ce coup de tonnerre sur fond d’incrédulité que fut l’annonce de la guerre, pour une frange d’intellectuels, qui pensaient déjà l’idée d’Europe sur les rails...L’histoire est un peu apaisée, depuis tout cela, on peut regarder les choses un peu plus sereinement. Cette période est riche en contradictions, entre modernité et nationalisme. En France, quand vous regardez la littérature de l’époque, elle était toute autant va en guerre qu’en Allemagne, et ce, même dans la littérature pour enfants. En parallèle, il y eut les livres les plus éclairées de toute la littérature mondiale : Proust, Joyce, Musil, Kafka, Mann...Ce n’est que sous le feu croisé de plusieurs thèses, et œuvres qu’on peut se faire une toute petite idée circonstancielle, prise entre les positions de Jaurès, et celles de Barrès....Le fils d’Alphonse Daudet, Louis, en tout cas sera à la fois un antisémite et un va en guerre ; voilà ce qu’a pu donner une éducation chrétienne bercée sur le souvenir des provinces disparues...Elle aurait pu être évité, comme beaucoup de choses, mais elle s’est déroulée, pour notre malheur....Si Napoléon n’avait pas jeté les bases d’une Allemagne unifiée, l’histoire n’aurait pas non plus forcément abouti à Bismarck, et ce qui en suivi. Pour la littérature, rappelons aussi les premiers chapitres du voyage, de Céline, qui donnent une image très saisissante et moderne de l’absurdité de la guerre, et d’un front de planqués nationalistes, exhortant les autres, derrière les lignes, à se faire casser la gueule. Sans compter le livre de Lemaitre« Au revoir là haut », qui est une vraie réussite, surtout sur l’ambiance de l’immédiat après guerre.