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Commentaire de Nycolas

sur Vivons pour eux


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Nycolas 18 novembre 2015 14:49

C’est usant... Le compassionnel mielleux, l’affect au premier degré, les médias officiels s’en chargent déjà très bien. Pour mieux le manipuler.

Il est de bon ton de commencer tout commentaire sur ces évènements par un truc du genre « tout d’abord, mes condoléances blablabla », comme si on devait se sentir coupable de n’avoir pas porté à l’écrit ce que nous ressentons de toute façon. Il n’existe pas de devoir d’étaler sa compassion. Soit on ressent quelque chose et on n’a pas à le prouver à tout un chacun, soit on est tellement amputé de soi par l’ambiance sociale déshumanisés pour ressentir quoique ce soit, et alors qui est à blâmer ?

Il est normal et sain que la pensée s’élève au-dessus des conventions premières, et cherche, dans son deuil, à s’accrocher à la raison. A moins de croire que vous avez un devoir de prière (par exemple 5 fois par jour ?) pour saluer ceux qui sont partis, vous avez le droit, peut-être même le devoir (allons-y puisque certains ne semblent comprendre que ce lexique là), d’aller au-delà à partir d’un certain moment.

J’ai un jour perdu un ami par balles dans un braquage de banque. Dans les jours qui ont suivi, j’ai pleuré toutes les larmes de mon corps. Il ne m’en reste plus assez pour chouiner sur tous les petits malheurs que la télé (que je n’allume plus) déverse sur la populace à chaque repas, et pourtant j’ai ressenti de la tristesse lorsque j’ai entendu parler de l’attentat du 12 novembre à Beyrouth et dont on n’a jamais vraiment parlé ici. Ces gens-là aimaient-ils moins la vie, ou étaient-ils moins dignes de compassion juste parce qu’ils vivent plus loin de nous ? Ah c’est facile de verser une larme sur nos « semblables » et de ne pas ressentir qu’un libanais est un semblable au même titre. On s’éplore parce qu’on se sent en danger, parce qu’on croit notre mode de vie (sacré ?) menacé, sans percevoir que ce mode de vie est largement responsable de l’escalade de la violence.

J’ai lu que Fabius avait commis une bourde en rapport avec le moyen-orient, qui aurait fait perdre leur emploi à pas mal de français. Cette bourde a-t-elle aussi participé à mettre le feu à la poudre d’un autre bidon ? Le terrorisme n’est qu’un effet collatéral de la mondialisation et des tensions entretenues au moyen-orient, et il faudrait privilégier les larmes à la prise de conscience... Dire que j’entends constamment des gens dire « il y a un frémissement », « les choses commencent à changer », « on commence à prendre conscience que... ». Mon cul ! On est encore obligés de se taper des discours de curés-Charlie (z’ont pas encore compris la musique, apparemment, comme quoi « Charlie » ne respectait rien, lui, et ne respecte toujours rien, cf le traitement de l’attentat contre l’avion russe) qui nous parlent de notre obligation de démontrer que nous ressentons quelque chose à l’égard de gens qu’on ne connaissait pas, et tentent de nous interdire de tirer les conclusions qui s’imposent. Tout le monde a été choqué, tout le monde ! A part quelques psychopathes au pouvoir qui eux, auront fait semblant, justement ! Quel besoin de s’étirer en pleurnicheries ? Le monde est ce qu’il est, on nous dit de ne pas avoir peur, alors n’ayons pas peur, on nous dit d’être tristes, alors soyons tristes ! Ce n’est pas comme si nos émotions nous appartenaient et que la pudeur avait une quelconque valeur après tout...


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