@Philippe VERGNES
Pour en revenir à Zweig, ce grand bourgeois tout investit dans la littérature fit preuve tout de même d’une grande indulgence dans la montée du nazisme, s’apercevant bien tard de l’horreur de la bête.
Correspondance entre Stefan Zweig et Klaus Mann : l’art et l ...Le nazisme semble un emballage noble pour justifier un suicide qui était en fait du à l’essoufflement d’un vieil homme ne trouvant plus les ressources d’adaptation à un monde qui n’était plus le sien. Et sans aucun doute hypersensible, narcissique, replié sur les références d’un monde qui disparaissait. « Le monde d’hier », écrit juste avant sa mort, est très intéressant, sans doute le meilleur qu’il ai écrit en dépit, même s’il n’est pas totalement objectif sur lui même, et c’est un euphémisme. Néanmoins, l’image de l’autriche et de l’Allemagne de sa jeunesse sont captivantes, et permettent de mieux le comprendre. Zweig est mort en 14, européen convaincu, il a vécu la fin d’un monde, et ne s’en remettra jamais tout à fait, même si à son niveau personnel, il resta toute sa vie un privilégié.
Si vous lisez son oeuvre, vous serez troublé par le nombre de fois où il met en scène sa propre fin, bien des années plus tôt, par procuration
Mais c’est souvent ainsi, les écrivains sont de grands névrosés, qui mettent leurs terreurs à distance en les hystérisant tant qu’ils peuvent créer. Ne se rendant pas compte souvent du phénomène et de ce qu’ils révèlent dans un bel aveuglement. Simenon construira toute une oeuvre ainsi, aveugle des personnages qu’il créait