Une filature passionnante des nationalistes corses racontée autrefois par le commissaire Broussard. Je ne sais plus sous quel régime c’était, mais peu importe, puisque les récentes contorsions des élections régionales nous ont montré que c’était en réalité le même régime.
Les types sont pris en charge jusqu’à l’aéroport de Bastia. Ils embarquent pour Orly. A Orly, ils sont pris en charge et la filature se poursuit, jusqu’à ce qu’ils pénètrent dans la cour du ministère de l’intérieur ! Filature terminée.
Ce savoureux récit illustre bien les contorsions et lâchetés de la République vis à vis du « problème Corse ». Et le multiple langage des soit disant nationalistes. Un peu comme si Fidel Castro et Che Guevara allaient prendre leurs ordres au siège de la police politique du dictateur Battista.
Répugnant !
Ce parallèle avec Cuba est assez intéressant car, si Battista maintenait la domination sur l’île des casinos de la mafia, contre lesquels luttaient les barbudos, en sens tout à fait inverse, le projet de certains « patriotes » corses était d’assurer une implantation libre d’entraves juridiques aux casinos de la mafia niçoise, d’après certaines mauvaises langues.
Mais ni la France ni l’Europe ne pouvaient prendre le risque de laisser se développer à portée de missile du continent un régime conduisant à une misère certaine et susceptible de s’allier avec des extrémistes du monde entier. Car enfin, imaginez un instant une indépendance pure et dure, privée du secours de l’état français, dans une île sans ressources et donc qui a vocation à la pauvreté. Pauvreté qui fut le lot de mes ancêtres Corses (du côté maternel), et autres méditerranéens, mais aussi Bretons, Auvergnats, Savoyards. Pauvreté qui rimait avec honneur et dignité, mais dont les gens ne veulent plus, car ils veulent consommer et bénéficier du confort moderne.
On a donc choisi en haut lieu l’option du tripatouillage politique, dans lequel la « république » excelle, en offrant une carrière politique aux plus grandes gueules.
Monsieur Guerrini, je suis sensible à ce problème car mes grands parents étaient Corses, « à l’ancienne ». Plus exactement, ma grand mère corse avait épousé un Sarde. Elle devint Italienne. Puis ils revinrent en France pour fuir le régime de Mussolini et obtinrent la nationalité française. Ma grand mère était une fervente patriote, comme beaucoup de Corses à l’époque. J’ai été élevé dans les plis du drapeau français. Quand ma grand mère a perdu un de ses fils, tué à 20 ans sur le front des Abbruzes, elle en eut un énorme chagrin dont elle ne se guérit jamais, mais elle disait toujours : « j’ai donné un fils à la France ».
Comme c’était un pays très pauvre, beaucoup de Corses excellaient dans les études, et ils étaient amoureux de la culture française. Un cousin de ma mère était le fameux « berger philosophe », professeur à l’école normale supérieure, mais qui ne rechignait pas à garder les chèvres pendant ses séjours dans la famille.
C’étaient les Corses d’autrefois, dont je suis fier, alors que les pantins actuels me font honte.
Certes, il y avait des bandits d’honneur.
Aujourd’hui, il y a des bandits de déshonneur.