« Stratégie par capillarité »
La proximité d’Ichtus du Printemps français n’étonne pas Jean-Yves Camus, politologue spécialiste de l’extrême droite : « Avec le Printemps français, on retrouve la stratégie par capillarité de la Cité catholique. » Le chercheur associé à l’IRIS ajoute :« Le principe de base consiste à faire des adeptes dans ce qu’ils appellent les “corps sains de l’Etat”. C’est une double action : gagner des positions d’influence dans la société civile et former des décideurs, des élus. »
Bruno de Saint-Chamas, le président d’Ichtus, dément toute implication dans le Printemps français, même s’il affirme y « connaître des gens ». « Mme Bourges a travaillé avec des gens d’Ichtus, mais nous ne sommes pas une école politique. Nous sommes comme une station-service, les gens prennent ce dont ils ont besoin », résume-t-il. M. de Saint-Chamas avoue regarder tout cela avec « intérêt » et affirme que son institut a de plus en plus de demandes de formation. Un phénomène, dit-il, qui a commencé après l’élection de François Hollande, mais qui s’est accentué avec le mouvement contre la loi Taubira.
Prendre date
Des affiches collées par des membres de Printemps français lors de leur action à l’Espace des Blancs-Manteaux, à Paris, dans la nuit du 7 avril. DR
L’un des avantages du« spontanéisme » du Printemps français est que les mouvements peuvent s’y agréger, y pousser des pions et prendre date. C’est le cas du Bloc identitaire (BI). Ce parti d’extrême droite radicale n’est pas totalement éloigné de l’extrême droite catholique. Un de leurs compagnons de route, l’avocat Frédéric Pichon, y est très actif.
Si Philippe Vardon, l’un des dirigeants du BI, affirme « ne pas avoir de rôle direct » dans le Printemps français, mais ne nie pas que ses troupes« participent à tout ce qui se fait. Nous sommes en première ligne. On essaye d’être utile et de donner un coup de main. » C’est aussi l’occasion de prendre langue avec des militants qui se radicalisent, issus d’autres organisations, comme l’UNI (association étudiante proche de l’UMP, tendance « dure »). « Il y a de nouvelles convergences, des prises de conscience », résume M.Vardon.