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Commentaire de Christian Labrune

sur Comment dénommer l'adversaire ?


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Christian Labrune Christian Labrune 29 janvier 2016 15:57

« Mais ce sont de mauvais acteurs et cela se voit. C’est probablement pour cette raison qu’on aura limité la diffusion. »
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Autre hypothèse : Il serait bien possible aussi qu’on se soit rendu compte que dans le monde musulman, chez les jeunes en particulier, - mais aussi parmi les gens qui occupent la niche idéologique dont procède cet article - , on ne sache pas très clairement qu’il y a une vraie différence entre la PSEUDO-violence des spectacles (rock, cinéma, etc.) et la violence REELLE. Je crois savoir -je n’ai jamais expérimenté !- que dans les jeux video, par exemple, on peut tuer tout ce qui bouge sur l’écran. Ca permet à des psychopathes en pleine addiction de se défouler. Mais derrière la dalle d’écran, est-il besoin de le préciser, il y a un peu d’électronique et rien d’autre. Ca ne peut donc faire de mal à personne, pas même à une mouche.
Il arrive quand même que ces sortes d’abrutis quittent leur petite chambre et continuent à voir le monde comme un jeu video. La lecture des textes religieux pourrait avoir à peu près le même effet. Pour s’attirer les bonnes grâces de l’aumônier de sa prison, le jeune voyou du film « Orange mécanique » affecte de lire les Evangiles et se fait son petit cinéma intérieur dont on peut voir aussitôt quelques plans : il est à la place des centurions qui fouettent le supplicié ployant sous sa croix. Cette ulra-violence, ça l’excite. Nul doute que la description, dans le Coran des supplices réservés à ces mécréants qu’on fait rôtir ou dont on arrache la peau, ça doive en émoustiller un certain nombre, et les braves musulmans débarquant à Cologne ont probablement cru voir les soixante-douze vierges du paradis d’Allah. Eros après Thanatos !
Précisons-le donc ici, puisque cela paraît nécessaire : toutes les spéculations sur la réalité du monde sont évidemment permises dans le domaine de la pensée philosophique. Pyrrhon doutait de l’existence du fossé où il était tombé, et doutait même si bien de sa propre existence qu’il serait probablement resté dans cette posture inconfortable si ses disciples ne s’étaient empressés de le tirer de là (relire Diogène Laërce). « La vida es sueño » La vie est un songe, c’est le titre d’une pièce de Calderon. La phénoménologie husserlienne commence par l’épochè (ἐποχ), suspension de la thèse du monde, parce que la notion de réalité n’est pas plus facile à définir que celle de matière à l’époque de la physique quantique. Il n’empêche que lorsque Husserl descendait un escalier, il y allait franchement, sans craindre de se casser la gueule en posant le pied sur une marche inexistante. SI on lui avait mis dans les mains un révolver, il aurait évidemment évité d’appuyer sur la détente. On ne sait pas trop ce que c’est que la mort, qui ne saurait être, comme le souligne très bien Jankélévitch, une « expérience » (difficile d’en parler ensuite !), mais quand on a un minimum de jugement, on évite des comportements dont on sait les conséquences dans le monde empirique.
Redisons-le pour être sûr d’être compris : la kalachnikov produit de VRAIS cadavres. Il n’y a que dans la fiction qu’on puisse parler de PSEUDO-attentats. Ceux du Bataclan et tous les autres étaient de VRAIS attentats, et il aurait été probablement très difficile à ces VRAIES victimes, de se relever après le départ des télévisions.
Si quelque lecteur avait besoin d’explications supplémentaires, si on doutait encore qu’il y eût une différence entre la réalité empirique et l’imaginaire, je n’hésiterais guère à sacrifier mon temps pour l’éclairer.


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