Pas simple cette
question de la brevetabilité du vivant !
Dans le cas présent,
l’institut ne demande pas de breveter la plante qui bien sûr
n’appartient à personne, mais la technique de synthèse chimique de
la molécule qu’ils en ont isolée. ce qui demande une compétence
que les Amérindiens n’ont pas.
Il est impossible
moralement et en droit de dire que les habitants d’une région ont un
droit de propriété sur une plante sauvage sous prétexte qu’elle
pousse naturellement chez eux, qui plus est sur une terre dont ils ne
sont pas les propriétaires fonciers.
Sinon, il faudrait
que les herboristes paient une sorte de redevance aux habitants d’une
vallée pour avoir cueilli des plantes médicinales dans la montagne
voisine ...
Reste la question de
la vente du savoir, le savoir que cette plante est efficace pour tel
traitement. Il s’agirait alors non de brevet mais d’attribuer une
sorte de droit d’auteur collectif aux Amérindiens : difficile,
ce savoir n’ayant pas été édité en librairie.
Et même en adoptant
ce point de vue extrêmement complaisant, il resterait, à prouver
que les Amérindiens d’aujourd’hui ont découvert eux-mêmes une
telle propriété thérapeutique ou qu’ils sont les héritiers de
celui qui l’a découverte et qui est décédé depuis moins de
soixante-dix ans car après cette durée, son œuvre tombe dans le
domaine public.
Ajoutons que si un
mathématicien, par exemple, fait une découverte importante dans son
domaine, il ne pourra pas faire payer son partage de connaissance
avec le public, seulement se faire rémunérer sur l’ouvrage qu’il
pourrait écrire avec.
Ajoutons que les
enfants amérindiens, comme tous les citoyens français, reçoivent
gratuitement les connaissances que leur dispensent les enseignants de
leur nation, pour leur plus grand bien si l’on compare leur sort avec
celui des amérindiens voisins.
Franchement, je
pense que le terme de « vol » n’est pas approprié.